Aucours de leur pĂ©riple, ils rencontreront dâautres insectes bizarres qui rĂ©sident dans ce monde dĂ©vastĂ©. Fuze Forge vous propose de dĂ©couvrir ce soft du genre « pointer-et-cliquer » en tĂ©lĂ©chargement lĂ©gal sur son interface. Un jeu dâaventure oĂč des cafards sont les hĂ©ros ! Ă janvier 30, 2019.
J'avais pas ressenti autant d'Ă©motions pour une sĂ©rie depuis longtemps !SpoilAfficherMasquerNon j'rigole le scenario est quand mĂȘme bien bidon par moments. Mais par contre oui, l'immersion dans ce Tokyo vide, la ville en stage terminale, les background et le charisme des personnages, les effets spĂ©ciaux, la photographie et la direction artistique c'est du grand art de ce cĂŽtĂ© lĂ !SpoilAfficherMasquerMais encore une fois, Ă part les cliffhanger qui tombe comme des mĂ©tĂ©orites un soir de fin du monde, le scĂ©nario est vraiment moyen. En therme d'histoire et d'Ă©motions, Sweet Home est Ă des annĂ©es-lumiĂšre lumiĂšre ! Jeuxdu labyrinthe Ă imprimer. Il va falloir se creuser la tĂȘte avec nos labyrinthes Ă imprimer. MĂȘme si le principe reste toujours le mĂȘme, trouver le bon chemin pour se rendre Ă la sortie du labyrinthe, certains seront plus retors que dâautres. Ă vous de choisir le niveau qui correspond Ă lâĂąge de votre enfant et Ă ses gouts, le matĂ©riel nĂ©cessaire pour jouer est simple,Il y'a 1 an Temps de lecture 1minute Ce sujet vous est destinĂ© pour dĂ©couvrir la solution de Aliceâs Restaurant Niveau 119, nous chercherons Ă aligner les lettres dâune façon additive pour former des mots vous permettant de passer dâun niveau Ă un autre. Créé par Elia Games ce jeu de lettre amusant est rĂ©alisĂ© de tel façon que vous allez venir en aide Ă Alice qui cherche Ă rĂ©nover le restaurant de ses parents et de leur permettre de continuer Ă lâexploiter. LâidĂ©e du jeu Aliceâs Restaurant â Fun & Relaxing » est originale et câest en glissant dâune lettre Ă une autre, pour aligner les mots horizontalement que verticalement sur le puzzle prĂ©sentĂ©, que vous aller pouvoir collecter des ingrĂ©dients et des recettes pour faire de beaux plats et personnaliser tous les meubles et dĂ©corations. Solution Aliceâs Restaurant Niveau 119 NB Votre lien pour la solution de tous les niveaux Solution Aliceâs Restaurant net terne rente entrĂ© entre entrĂ©e Mots Bonus ente, entĂ©, entĂ©e, enter, nĂ©e, rĂ©e, rĂ©ent, renĂ©, renĂ©e, rentĂ©, rentĂ©e, tee, ter, ternĂ© Continuez Ă profiter de votre temps en vous faisant Ă©paulĂ© par le contenu du lien suivant Solution Aliceâs Restaurant Niveau 120 Bonne continuation. Daw Games
3Alice in Borderland. 3 Ginga Eiyuu Densetsu. 3 Onanie Master Kurosawa. 3 Seirei no Morobito. 2 Kaiji. 2 A Silent Voice. 2 Gantz . 2 Area no Kishi. 2 Katekyoshi Hitman Reborn. 2 Assassination Classroom. 2 Rave. 2 Deadman Wonderland. 2 Sun Ken Rock . 2 My Hero Academia. 2 Dorohedoro. 2 Mushishi. 2 Shiki. 2 Shinsekai Yori. 2 Shamo. 2 Natsu noBienvenuesur notre soluce complÚte de Borderlands pour PC, PS3 et Xbox 360 . Et découvrez à travers notre soluce détaillée, ce FPS au cel-shading unique. Dans de magnifiques environnements, percez
Mercredi 9 Mars 2022 Elden Ring voici l'astuce pour mettre le jeu en "Pause" sans passer par un Mod Jeu sans concession qui ne fait aucun cadeau aux joueurs, Elden Ring reprend la formule de tous les jeux From Software depuis plus de 10 ans, avec notamment cette impossibilitĂ© de mettre le jeu en pause. Mais ça c'Ă©tait avant. 09/03/2022, 1116 Mardi 8 FĂ©vrier 2022 Sifu astuce et soluce pour rester jeune tout le temps Sifu est un jeu qui demande du challenge et une certaine abnĂ©gation. Reprenant les codes du rogue-like, le titre du studio Sloclap est un jeu oĂč mourir est monnaie courante. Voici quelques astuces. 08/02/2022, 1042 Mercredi 5 Mai 2021 Returnal tous les cheat codes de dĂ©veloppeurs et comment les faire sur PS5 Oups. Il semblerait qu'Housemarque ait oubliĂ© d'effacer certains cheat codes, normalement uniquement prĂ©vus pour les dĂ©veloppeurs, mais bel et bien intĂ©grĂ©s au jeu... 05/05/2021, 1523 Samedi 20 Mars 2021 Assassin's Creed Valhalla voici comment dĂ©bloquer la tenue d'Altair dans le jeu S'il va falloir attendre pour profiter de la grosse extension d'Assassin's Creed Valhalla, sachez que depuis quelques jours, il est possible de profiter d'une mise Ă jour qui offre le costume d'Altair. 20/03/2021, 1033 Mercredi 16 DĂ©cembre 2020 Cyberpunk 2077 le BB Pod de Death Stranding est cachĂ© dans le jeu, voici comment le trouver Cyberpunk 2077 est truffĂ© d'easter-eggs, et si la plupart de ces derniers renvoient Ă la licence The Witcher, certains rendent hommage Ă des productions issues d'autres dĂ©veloppeurs, comme par exemple Kojima Productions. 16/12/2020, 1041 Vendredi 11 DĂ©cembre 2020 Cyberpunk 2077 Hideo Kojima est dans le jeu, voici comment le trouver Les dĂ©veloppeurs de CD Projekt RED ont tenu a rendre hommage Ă un des crĂ©ateurs de jeu vidĂ©o les plus reconnus de l'industrie, via un joli camĂ©o qu'il faut trouver dans les recoins de Night City. 11/12/2020, 0413 Vendredi 19 Juin 2020 Call of Duty Modern Warfare une astuce donnĂ©e pour rĂ©duire la taille du jeu sur PS4 DĂ©jĂ trĂšs lourd Ă sa sortie, Call of Duty Modern Warfare est maintenant l'un des titres les plus gourmands qui soient. Depuis peu, Activision donne une astuce aux joueurs PS4 pour rĂ©duire la taille des fichiers... 19/06/2020, 1702 Mercredi 20 Mai 2020 Call of Duty Warzone oĂč trouver les bunkers et comment les ouvrir Depuis peu, les mystĂ©rieux bunkers de Call of Duty Warzone ont ouvert leurs portes et ils contiennent une tonne de loot affriolante. Voici comment y accĂ©der. 20/05/2020, 1718 Mardi 5 Mai 2020 Streets of Rage 4 astuces et soluce pour dĂ©bloquer les 17 personnages du jeu Vous ne savez pas comment faire pour dĂ©bloquer l'ensemble des 17 personnages dans Streets of rage 4 ? Pas de souci, on va vous aider pas Ă pas avec ces astuces soluces du jeu. 05/05/2020, 1142 Lundi 1 Juillet 2019 Crash Team Racing Nitro Fueled voici tous les cheat codes, Penta Penguin de retour Ă l'instar de la version d'antan, Crash Team Racing Nitro Fueled s'offre quelques cheat codes bien sentis vous permettant une foule de bonus plus ou moins farfelus. PlutĂŽt sympathique... 01/07/2019, 1458 Jeudi 4 Avril 2019 Devil May Cry 5 sabre laser, cheveux de Vergil, yeux de Sith, voici les rĂ©compenses du Bloody Palace RĂ©cemment ajoutĂ© dans Devil May Cry 5, le Bloody Palace est un mode purement basĂ© sur le skill. Et celui est mĂȘme sacrĂ©ment difficile si vous le terminez, quelques rĂ©compenses rigolotes vous attendent... 04/04/2019, 1247 Lundi 26 Novembre 2018 Red Dead Redemption 2 l'aĂ©ronef et le disciple de Satan, voici comment les dĂ©busquer On vous a proposĂ© rĂ©cemment comment mettre la main sur le tricorne, le chapeau de pirate, on vous donne maintenant la localisation de l'aĂ©ronef et du suppot de Satan, tous les deux situĂ©s Ă quelques mĂštres chacun. 26/11/2018, 1014 Red Dead Redemption 2 le chapeau de pirate, voici comment le trouver Mais le dĂ©lire de cette news / astuce, c'est de vous permettre de localiser le chapeau de pirate qu'on peut dĂ©goter quelque part sur une des petites Ăźles dont abrite le territoire de Red Dead Redemption 2. 26/11/2018, 0929 Mercredi 14 Novembre 2018 Red Dead Redemption 2 comparaison et Ă©volution de la map "New Austin" avec le 1er Red Dead On continue notre sĂ©rie des comparatifs pour Red Dead Redemption 2 avec une vidĂ©o qui met l'accent sur l'Ă©volution graphique de la map et notamment New Austin qu'on avait dĂ©jĂ pu dĂ©couvrir dans le 1er Ă©pisode. 14/11/2018, 1734 Lundi 12 Novembre 2018 Red Dead Redemption 2 un glitch permet de se rendre au Mexique et de retourner Ă Guarma Ceux qui ont terminĂ© Red Dead Redemption 2 continuent de le poncer et de trouver les secrets et les easter-eggs. Certains utilisent mĂȘme les failles du jeu pour se rendre au Mexique et Ă Guarma. 12/11/2018, 0922 Mercredi 7 Novembre 2018 Red Dead Redemption 2 Steven Ogg, l'acteur qui a jouĂ© Trevor dans GTA 5, a aussi un rĂŽle dans le jeu Comme toutes les productions Rockstar Games, Red Dead Redemption 2 est un jeu truffĂ© de secrets et autre Easter Egg Ă trouver dans l'open world. Parmi ceux-lĂ , la prĂ©sence de l'acteur Steven Ogg, alias Trevor de GTA 5. 07/11/2018, 1218 Vendredi 26 Octobre 2018 Red Dead Redemption 2 voici les cheat codes du jeu et comment les activer ! Comme tout bon jeu Rockstar qui se respecte, Red Dead Redemption 2 dispose lui aussi de sa ribambelle de cheat codes qui permettent tout un tas de bonus. Voici comment les activer, leurs effets et leurs conditions ! 26/10/2018, 1319 Mardi 7 AoĂ»t 2018 GTA Online voici l'astuce pour dĂ©bloquer la hache Tomahawk de Red Dead Redemption 2 Ce qui Ă©tait une rumeur il y a quelques semaines a Ă©tĂ© confirmĂ© par Rockstar Games pas plus tard qu'hier. La prĂ©sence d'une hache Tomahawk dans GTA Online est dĂ©sormais officielle et on vous montre comment l'obtenir. 07/08/2018, 1613 Mardi 24 Juillet 2018 Sonic Mania Plus tous les cheat codes ici, et il y a du lourd ! Sonic Mania Plus s'est dotĂ© de façon surprenante de tout un tas de codes de triche, sur laquelle des fans ont pu mettre la main. Les voici-tous ! 24/07/2018, 1132 Dimanche 15 Avril 2018 GOD OF WAR voici l'astuce pour dĂ©bloquer la vraie fin avec la cinĂ©matique [SPOILER] Lorsque vous irez au bout de l'aventure de GOD OF WAR et que vous verrez le gĂ©nĂ©rique de fin dĂ©filer, rĂ©vĂ©lant les rĂ©ponses Ă de nombreuses questions, sachez que le jeu n'est pas terminĂ©. Il existe une autre fin, la vraie. 15/04/2018, 0158 Samedi 17 FĂ©vrier 2018 Shadow of the Colossus le mystĂšre des piĂšces d'or Ă©lucidĂ©, un bonus exceptionnel Ă la clef Si Bluepoint Games a respectĂ© Ă la lettre le jeu de Fumito Ueda, le studio a quand mĂȘme intĂ©grĂ© un bonus spĂ©cial dans le jeu la possibilitĂ© de rĂ©cupĂ©rer l'Ă©pĂ©e de Dormin aprĂšs avoir trouvĂ© les 79 piĂšces d'or. 17/02/2018, 0046 Mercredi 31 Janvier 2018 Shadow of the Colossus il y a un Easter Egg "The Last Guardian" et voici l'astuce pour le trouver Ce n'est un secret pour personne, ICO, Shadow of the Colossus et The Last Guardian partagent le mĂȘme univers Ă©tendu. Dans le remake sur PS4, les dĂ©veloppeurs de Bluepoint Games ont placĂ© un Easter Egg trĂšs spĂ©cial. 31/01/2018, 1133 Jeudi 25 Janvier 2018 Dragon Ball FighterZ voici la liste de tous les TrophĂ©es et SuccĂšs Dragon Ball FighterZ est de loin le jeu de baston le plus attendu de 2018. Pour vous aider Ă mieux terminer le jeu Ă 100%, on vous donne la liste de tous les TrophĂ©es et SuccĂšs du jeu. 25/01/2018, 1522 Mardi 23 Janvier 2018 Dragon Ball FighterZ voici l'astuce pour dĂ©bloquer Goku SSGSS, Vegeta SSGSS et C-21 Si le roster de Dragon Ball FighterZ est plus que complet, vous devrez tout de mĂȘme dĂ©bloquer Son Goku et Vegeta SSGSS ainsi que C-21, personnage exclusif au jeu. On vous montre comment faire. 23/01/2018, 1104 Lundi 30 Octobre 2017 Super Mario Odyssey voici tous les secrets, Easter Eggs et costumes cachĂ©s du jeu Super Mario Odyssey est disponible dans le commerce, et pour vous aider dans votre quĂȘtes des secrets que renferme le jeu, on vous propose de dĂ©couvrir ici tous les costumes Easter Eggs que vous allez pouvoir obtenir. 30/10/2017, 1347 Vendredi 23 Juin 2017 Zelda Breath of the Wild il est possible de conserver l'Arc de LumiĂšre grĂące Ă un bug, voici comment faire L'Arc de LumiĂšre est la seule et unique arme de Zelda Breath of the Wild qu'on ne peut pas conserver. Mais il existe une solution pour passer outre le code du jeu via un petit bug. On vous montre comment faire. 23/06/2017, 1011 Mardi 25 Avril 2017 Zelda Breath of the Wild l'astuce pour rĂ©cupĂ©rer le costume du Dieu DĂ©mon de Majora's Mask Alors que certains speedrunners sont parvenus Ă finir Zelda Breath of the Wild en jouant 49h non-stop, on sait qu'il reste encore des costumes inĂ©dits Ă dĂ©bloquer. Il y a notamment celui du Dieu DĂ©mon de Majora's Mask. 25/04/2017, 2354 Vendredi 14 Avril 2017 Zelda Breath of the Wild la soluce pour obtenir les MĂ©dailles de Kilton et finir le jeu Ă 100% Si vous faites parties des joueurs qui cherchent Ă finir Zelda Breath of the Wild, vous devez alors vous mettre Ă la recherche des MĂ©dailles de Kilton. On vous donne l'astuce et la soluce pour les obtenir. 14/04/2017, 1031 Mardi 11 Avril 2017 Zelda Breath of the Wild voici l'astuce pour trouver des fragments d'Ă©toile en illimitĂ© Les fragments d'Ă©toile sont de loin les ingrĂ©dients les plus difficiles Ă trouver dans Hyrule, mais il existe une astuce pour en rĂ©cupĂ©rer facilement et de maniĂšre illimitĂ©e. Voici comment faire. 11/04/2017, 1519 Dimanche 9 Avril 2017 Zelda Breath of the Wild la soluce pour trouver les dragons Ordac, Nedrac et Rordrac et les affronter Au cours de son voyage dans Hyrule, Link croisera sur sa route des dragons qui sont tous impliquĂ©s dans des quĂȘtes de sanctuaires cachĂ©s. Voici la soluce pour trouver ces crĂ©atures que sont Ordac, Nedrac et Rordrac. 09/04/2017, 1006
solutioncomplete de pilotage. 35781139010 pc ferrari 430 ffb manette-joystick 3362932913603 thrustmaster 129,99 ⏠108,69 ⏠76,17 ⏠- 0,4200 ⏠s sr . volant de la nvelle f 430. 35781139011 pc rgt ffb clutch manette-joystick 3362932913672 thrustmaster 99,99 ⏠83,60 ⏠61,17 ⏠- 0,4200 ⏠s sr. volant de haute gamme. 60621148946 steelseries adaptateur x360 cables et connectiquTerraforming Mars a matter of dream, not science A vision of terraformed Mars... in your dreams, young Cathy.This piece of mine originally published on Quillette was directly intended as an answer to the very upbeat article of Cathy Young. Please, take a look at her essay over here and dream for a moment about such wonders before reading my short and quick comeback. Well, it seems that Santa Claus is gone, I can become horrible and nasty again. Poor young Cathy, Iâm going to ruin your sweet dream. All this nice stories of red, green or blue Mars is just fine if youâre ten years old or less. So I supposed, Cathy, you are about ten. But I have to tell you this, young Cathy your article is pure fiction, Walt Disney stuff, Hollywood fantasies, perfect for an Elon Muskâs rave party. Even the painting looks like California or maybe Colorado. There are not a chance in a billion, no, a trillion, that you can see this bucolic picture on your martian TV by 2050, 2100 the end of Earth, I remind you, according to the best of our great scientists, 2200, 220000, 220000000. At best, youâll have a couple or two of poor chaps not even a girl, alas for them send by the most modern flying casket to the most depressive place for one year or more, plus the travelling time, in order to collect some ashes to prove that life, that is, some sort of fossilized blob, is appeared on another planet. And theyâll go back home⊠in the best-case scenario. Naturally, the hypothesis in which they find some interesting discoveries is the most optimistic. More likely, as usual, as for the moon missions for instance, theyâll find nothing valuable to bring back. Because if there is something of interest on Marsâwhy not?âautomatic missions with robots will find it long before and for a much cheaper price. Terraformation, you say, young Cathy? What a joke! If you want to terraform something, terraform the Antarctic first thatâs nearer, cheaper, a little bit hotter and infinitely more fit for human life or any blob-like form. And why on earth should you spend billions of billions, no trillions of trillions, to establish a colony in the most depressive place? A colony like you are dreaming of, dear Cathy, is not an easy task it takes huge quantities of liquid water, materials of all sorts, energy, preferably petroleum thatâs the best compromise you can imagine, by far, as a handy, powerful and space-saving form of energy. And you know what? Thereâs not a single drop of petroleum in this place. Because there never were forests full of life, no green, red, black or white men over there. To have a colony like you want, you must have local plants, factories, many factories, roads and power-lines to rely plants and factories and colonies I suppose you donât want to put dangerous plants and factories within the sweet and clean but fragile domes of your colony. And you must have green plants too, many many plants, not to produce oxygen silly idea but to eat and give to cattle if you want have some meat, sometimes, in your menu. Bad luck, plants donât grow without bacteria or/and fungi, mushrooms, etc. And guess what, there is not a single living bacteria or mushroom in the martian soil. So, in short, youâll have to transfer all the wealth of Earth to Mars to have only a couple of domes like you dream of and youâll still not be able to have a good Belgian beer after work. To conclude, if terraforming the red planet is only a dream, donât bother too much with martian politics, economics or education systems as a matter of fact, that will be just a very sad story of a small band of castaways on a desert and depressive island with no happy ending. Illustrations fantastiques en quĂȘte d'auteur Je vais ici prĂ©senter plusieurs peintures ou dessins dont je nâai pas trouvĂ© dâutilisation. Mon objectif en matiĂšre picturale est toujours utilitaire. Une crĂ©ation graphique est toujours destinĂ©e Ă lâillustration de mes rĂ©cits mĂȘme si je ne sais pas toujours au moment oĂč je le fais auquel dâentre eux il sâadaptera le mieux. Et nâayant que peu de temps Ă consacrer Ă cet aspect de ma production littĂ©raire, si on peut dire, je dĂ©teste le gĂąchis, particuliĂšrement quand lâillustration me paraĂźt bonne, voire excellente, ce qui mâarrive de temps en temps. Une bonne illustration selon moi nĂ©cessite de remplir plusieurs objectifs que je classerai par ordre dâimportance de cette façon qualitĂ© artistique, rĂ©sonnance avec le rĂ©cit illustrĂ©, sens du mystĂšre. Explicitons un peu ces trois critĂšres. Le premier nâa guĂšre besoin de prĂ©cision, mĂȘme sâil est Ă©videmment subjectif et discutable⊠jusquâĂ un certain point celui qui prĂ©tendra, mĂȘme avec des arguments brillants que Mozart est un compositeur trĂšs surfait, ou que Monet est un peintre du dimanche amĂ©liorĂ©, deux artistes que je nâapprĂ©cie pourtant pas beaucoup, nâa aucune chance dâobtenir ma pleine et entiĂšre attention. Le second critĂšre, pour ĂȘtre rempli, ne nĂ©cessite pas que lâillustration soit une description fidĂšle dâune scĂšne en particulier du rĂ©cit. Je dirais mĂȘme au contraire. Une description trop fidĂšle de la lettre est une sorte de redite, une lourdeur souvent inutile. Elle risque de manquer lâessentiel â pas toujours mais souvent â qui est lâesprit du texte. Des exemples de ce que je considĂšre comme des bonnes couvertures peuvent ĂȘtre consultĂ©s ici vous noterez que plusieurs sont illustrĂ©es de dessins ou peintures rĂ©alisĂ©s bien des annĂ©es, voire des siĂšcles avant le livre et nâavaient donc pas ce but particulier. Elles ont Ă©tĂ© choisies Ă juste titre par la maison dâĂ©dition, peut-ĂȘtre pour des raisons de droit et donc dâĂ©conomie, mais surtout parce quâelles collent merveilleusement avec le livre en question. Disons quâune bonne illustration doit au minimum reflĂ©ter lâun des thĂšmes centraux du rĂ©cit et permettre au lecteur de se faire une idĂ©e assez juste de ce quâil a entre les mains ou sous les yeux sâil fait ses achats, comme moi, par internet. Une bonne illustration donne donc plus quâune simple description elle ajoute le propre regard de lâartiste sur le rĂ©cit, elle ouvre de nouvelles perspectives plus hardies Ă imagination du lecteur, elle enrichit le texte, elle lâillumine, ce qui Ă©tait, je crois, le sens primitif du terme illuminations. Le troisiĂšme critĂšre est sans doute le plus personnel des trois et donc le plus discutable. Par mystĂšre, je nâentends par un de ces mystĂšres anecdotiques que lâauteur de âmystĂšresâ se propose gĂ©nĂ©ralement de rĂ©soudre dans les derniĂšres pages de son histoire mais cette sorte de mystĂšre auquel ni moi ni vous ni personne ne peut apporter de rĂ©ponse. La poĂ©sie, la musique, lâart pictural comme on en a ici quelques exemples plus ou moins rĂ©ussis, sont sans doute plus aptes Ă en suggĂ©rer une, au-delĂ de la raison, que toute autre mĂ©thode. Comme donc je dĂ©teste le gĂąchis et que je ne voyais pas Ă lequel de mes rĂ©cits pouvaient convenir ces peintures, jâai pris le problĂšme Ă lâenvers. Et si jâinventais une histoire pour illustrer ces peintures. Voici quelques-unes des Ă©bauches, trĂšs succinctes, qui mâont Ă©tĂ© suggĂ©rĂ©es par ces objets graphiques non identifiĂ©s, ces peintures ou ces dessins. Ma premiĂšre impression est que celle-ci conviendrait remarquablement, me semble-t-il, pour le roman de Lovecraft Ă La Recherche De Kadath. Il y a les montagnes oppressantes, les vampires ou peut-ĂȘtre les maigres bĂȘtes de la nuit, le prĂȘtre masquĂ© devant son temple maudit dont le toit sâorne de cornes dĂ©moniaques. Il y a surtout le rĂȘve, le cauchemar rampant peut-ĂȘtre, qui rĂŽde dans les tĂ©nĂšbres insondables de lâabĂźme vertigineux, pleins de chuchotis innommables et autres bruits indescriptibles. En y rĂ©flĂ©chissant, je nâai pas vraiment besoin dâimaginer une histoire il semble quâelle ait dĂ©jĂ Ă©tĂ© Ă©crite. Mais si je le faisais quand mĂȘme, je pense que la figure centrale, en blanc, serait un genre de spectre et non de prĂȘtre. Le temple serait une maison particuliĂšre, hantĂ©e de toute Ă©vidence et les crĂ©atures volantes seraient des Ăąmes dĂ©chues. Pour bĂątir une maison dans un endroit pareil, il faut avoir de solides raisons. Aimer la solitude ne figure pas parmi celles-ci. Jâimaginerais que cette bĂątisse nâest pas faite de main humaine. Peut-ĂȘtre mĂȘme quâĂ lâimage de la silhouette pĂąle sur le seuil, elle nâa pas de substance et quâen sâapprochant du gouffre, le spectateur, câest-Ă -dire le hĂ©ros de mon histoire, sâapercevrait quâelle sâest Ă©vanouie⊠avant de rĂ©apparaĂźtre, selon lâangle des rayons du soleil ou la perspective changeante due au sentier accidentĂ© quâil doit parcourir. Le hĂ©ros serait un voyageur Ă©garĂ©. Mais qui peut sâĂ©garer dans un endroit pareil, surtout Ă notre Ă©poque ? Il est vraisemblable que le rĂ©cit se passe dans le passĂ©, ou peut-ĂȘtre le futur. Le hĂ©ros sâest Ă©garĂ© mais nâest pas arrivĂ© par hasard ici. Lui aussi est une Ăąme damnĂ©e. Il ne le sait pas mais il va bientĂŽt le savoir. Il a pĂ©chĂ© gravement, nous ne saurons jamais en quoi, peu importe. Il nâest pas diffĂ©rent des noires crĂ©atures ailĂ©es qui tourbillonnent de la lumiĂšre vers le gouffre, au bord duquel se tient lâĂ©trange maison. Et bien quâil se voie trĂšs diffĂ©remment, les autres le voient exactement comme une de ces crĂ©atures de cauchemar. Cette fois, on y est la maison ouvre un passage entre les mondes, le nĂŽtre et les enfers. Jâappellerais cette histoire, si je lâĂ©cris, La Maison Au Bord Du Monde⊠Ah non, ça a dĂ©jĂ Ă©tĂ© pris !Pour ĂȘtre franc, jâai dĂ©jĂ utilisĂ© cette peinture pour la couverture dâun recueil fantastique. Mais je nâai aucun rĂ©cit quâelle illustre en particulier. Câest lâavantage des recueils de nouvelles entre autres choses la couverture peut ĂȘtre beaucoup plus lĂąchement reliĂ©e Ă son sujet. Son titre qui fournit le thĂšme principal, Amour & Lycanthropie, est pourtant une indication prĂ©cieuse. Incontestablement, cette scĂšne domestique entre ombre et lumiĂšres est pour moi teintĂ©e de danger, un danger imminent, en plus dâavoir une charge Ă©rotique certaine, et ce danger vient Ă coup sĂ»r de la femme. Son Ă©trange visage, pas vraiment rĂ©gulier, son demi-sourire, son air lupin me font immĂ©diatement penser quâelle nâest pas ce quâelle paraĂźt. Dans ce cas, pourquoi ne serait-elle pas une louve-garou? Bizarrement, les loups garous sont toujours mĂąles ou presque, et bien quâil y ait sans doute une bonne raison à ça, il nây a sĂ»rement rien qui empĂȘche que dans des cas exceptionnels, il puisse se rĂ©vĂ©ler de lâautre sexe. Donc la femme est un loup-garou. Qui est lâhomme dans ce cas ? De toute Ă©vidence, il est inconscient du danger qui rĂŽde dans cette piĂšce. Son attitude dĂ©note de la satisfaction, de la fatuitĂ© mĂȘme, devant le devoir accompli, ce qui signifie probablement que la femme nâest pas sur le point de se coucher mais quâelle vient au contraire de sortir du lit. Elle dĂ©note aussi un calme et une relaxation qui confirment le prĂ©cĂ©dent point. Pourquoi est-il si confiant ? Probablement parce quâil a dĂ©jĂ Ă©tĂ© dans cette situation un grand nombre de fois et quâil ne sâest rien passĂ© de grave. Ce nâest pourtant pas son mari. Les mains de la femme sont Ă contrejour mais il est certain quâelle ne porte pas dâalliance ni de bague Ă la main gauche, pas en tout cas Ă lâun des doigts conventionnels. Elle nâest donc pas mariĂ©e. Clairement, câest une chasseuse, une prĂ©datrice Ă lâaffĂ»t que nous voyons il suffit de considĂ©rer son expression de ruse et de fĂ©rocitĂ©. Celle-ci est dissimulĂ©e au regard de lâhomme mais non Ă celui du spectateur, en raison du miroir quâelle utilise pour Ă©pier son compagnon au moins autant que pour vĂ©rifier lâĂ©tat de sa chevelure quâelle est en train de peigner. Il y a aussi de la moquerie dans cette expression. Elle sait quâelle a rĂ©ussi, encore une fois, Ă tromper sa victime. Elle a obtenu tout ce quâelle attendait de lui maintenant, exceptĂ© une chose, le plaisir indicible quâil y a Ă lui planter ses crocs dans la nuque. Elle sait que le moment est maintenant idĂ©al. Lâhomme est parfaitement dĂ©tendu et prĂȘt pour le sacrifice. Peut-ĂȘtre va-t-elle se transformer mais dâune maniĂšre qui Ă©chappera probablement Ă lâattention de sa victime. Je doute quâelle devienne soudain poilue et hirsute, sinon pourquoi mettrait-elle tant de soin Ă se coiffer avant lâacte final. Je pense mĂȘme quâelle va revĂȘtir une tenue plus compatible avec lâidĂ©e que se fait cette chasseresse de ses hautes Ćuvres. Elle doit avoir en effet une sorte dâidĂ©al, ou de motivation non vĂ©nale, dĂ©lirante sans doute, mais assez forte pour accepter le sacrifice dâune robe ou de cet uniforme quâelle sâapprĂȘte Ă suis certain â autant qu'on peut l'ĂȘtre â de pouvoir Ă©crire cette histoire. En fait, je crois que je lâaurais dĂ©jĂ Ă©crite si je nâavais pas privilĂ©giĂ© des livres plus urgents ces deux derniĂšres annĂ©es. Jâai rĂ©alisĂ© le dessin prĂ©paratoire pour cette peinture il y a maintenant prĂšs de trois ans et jâavais dĂ©jĂ lâidĂ©e â comme on peut le constater en lisant ce livre â dâen tirer une nouvelle. Et en plus, je nâaurais quâĂ lâintĂ©grer Ă mon recueil Amour & Lycanthropie pour que la couverture trouve une complĂšte justification !Cette illustration-lĂ nâest pas pour une publication avec Amazon. Les rĂšgles Ă©dictĂ©es par les gens dâAmazon sont beaucoup trop puritaines Ă cet Ă©gard, ce qui ne les empĂȘchent pas de publier des quantitĂ©s de livres Ă©rotiques quâon est censĂ© ne pas voir mais quand mĂȘme acheter allez comprendre !. La prĂ©cĂ©dente pouvait passer, Ă la rigueur, parce que câest sombre et quâon ne voit rien en dessous de la taille. Mais les fesses, non, surtout celles-lĂ , câest ce quâils ne sauraient voir. Personnellement, je la trouve bien jolie et pas choquante du tout, surtout pour une dĂ©mone. Ses cornes lui prĂȘtent mĂȘme un petit air de jeune fille sage, comme si câĂ©tait un ruban nouĂ© dans ses cheveux. Mon avis est quâelles sont fausses. Peut-ĂȘtre revient-elle dâun bal costumĂ©. Il y a beaucoup moins dâĂ©lĂ©ments Ă se mettre sous la dent si jâose dire que dans le prĂ©cĂ©dent dessin. NĂ©anmoins, on distingue en second plan une vague silhouette qui Ă©voque un peintre devant son chevalet. Il ne sâagit pas dâun peintre amateur, pas vraiment en tout cas, car la pose quâil a demandĂ© Ă la dĂ©mone sent trop lâĂ©cole dâart et le vague mobilier qui lui sert de piĂ©destal ressemble Ă ce quâon peut trouver dans un atelier dâartiste. En fait, il est possible que ce soit un grenier, avec son toit en soupente esquissĂ© et sa verriĂšre par oĂč sâengouffre un flot de lumiĂšre. Lâhomme est donc un peintre professionnel ou aspirant Ă lâĂȘtre, pauvre, habitant sans doute un deux piĂšces miteux, sous les combles et sans ascenseur. Comment diable alors a-t-il pu ramener un modĂšle pareil ? En le payant ? Mais il est pauvre, trĂšs pauvre. Les peintres aussi pauvres se contentent gĂ©nĂ©ralement de minois bien moins charmants et bien moins jeunes, quâils trouvent dans la rue, ou Ă leur Ă©cole dâart, ou par petite annonce, et paient Ă peine la moitiĂ© de ce que leur prendrait un modĂšle mieux inspirant. En fait il est probable quâil les paye en nature, un repas gratuit par exemple, une nuit au chaud, sâil les paye du tout. De plus la fille nâest pas une paumĂ©e, une marginale sans appui. Elle a bien, elle, une bague Ă lâannulaire de la main gauche, que lâon peut supposer de valeur, et pas seulement sentimentale. Quâavait-il Ă offrir Ă cette femme de rĂȘve, mais mariĂ©e, pour quâelle le suive ? Il nâest certainement pas son mari on ne demande pas Ă sa femme de poser avec des cornes sur la tĂȘte. Et si câest une inconnue de rencontre, comme je le crois, comment se serait-il retrouvĂ© dans cette soirĂ©e costumĂ©e, qui ne semble pas vraiment de son standing ? Il a dĂ» ĂȘtre aidĂ©, pour ne pas dire pilotĂ©. Malignement guidĂ© jusquâĂ son destin. Dâailleurs, en y regardant bien â regardez, Ă gauche en haut de la tĂȘte de la fille - ne distingue-t-on pas une ombre, lâombre dâune seconde silhouette encore plus indiscernable puisque câest une ombre, un ombre plus noire que les autres ombres mais portant chapeau. Pourquoi garder son chapeau dans un atelier ? Parce quâon veut cacher quelque chose dessous, peut-ĂȘtre. Tout sâĂ©claire. Ce troisiĂšme personnage est Ă©videmment le lien manquant entre les deux autres. Sans doute que la fille est rĂ©ellement une dĂ©mone, tout compte fait, qui a pris pour dĂ©guisement, dans une sorte de double bluff, son mĂ©tier vĂ©ridique qui est dâobtenir des Ăąmes pour le compte de son maĂźtre, son mari de comĂ©die, le diable. Câest Ă©videmment le sens de son regard soudain dĂ©tournĂ© du peintre, presque un clin dâĆil. Ă qui serait-il adressĂ© sinon Ă Satan, invisible pour le spectateur mais bien prĂ©sent ? Dans ce cas, on sait ce que le peintre avait Ă offrir. Et en effet, il nâexiste rien de plus prĂ©cieux. Mais qui peut jurer quâil rĂ©sisterait devant une tentation aussi dĂ©licieuse si elle se prĂ©sentait Ă sa porte, mĂȘme si elle Ă©tait prĂ©sentĂ©e par un type bizarre avec un chapeau ?!Un vaisseau spatial au-dessus dâun lac de montagne embrumĂ©. Un lever de soleil rose, aveuglant, mais laissant apercevoir des Ă©toiles ou des planĂštes ici et lĂ . Plus intĂ©ressant, deux petits personnages en noir, assis sur un dĂ©barcadĂšre, qui semblent regarder le vaisseau dâailleurs que pourraient-ils regarder dâautre ?. Câest lâautomne, il fait frais, presque froid. Plus personne ou presque ne monte jusquâici. Je ne vois aucune raison de penser que nous sommes autre part que sur Terre, en altitude, lĂ oĂč le ciel est plus bleu, plus sombre. Le vaisseau spatial, ou disons pour lâinstant la machine volante, doit venir dâun autre monde. Son origine pourrait ĂȘtre terrestre si le rĂ©cit se situait dans le futur mais pourquoi passerait-elle alors si bas, dans un endroit aussi dĂ©sert, oĂč il nây a clairement pas dâastroport envisageable ? Non, il sâagit dâune machine extraterrestre et donc, comme je lâaffirmais au dĂ©but, un vaisseau spatial. Les deux personnages spectateurs sont aussi des extraterrestres, tant leur attitude paraĂźt incompatible avec celle de randonneurs ou de pĂȘcheurs terriens voyant passer un aĂ©ronef aussi Ă©trange juste au-dessus de leur tĂȘte. Leur habit noir pourrait ĂȘtre un uniforme mais je crois plus probable quâil sâagisse dâune combinaison de plongĂ©e. Le couple a Ă©tĂ© larguĂ© au-dessus du lac comme dâun hĂ©licoptĂšre volant en rase-mottes et le vaisseau est en train de repartir vers sa base, sur la face cachĂ©e de la lune peut-ĂȘtre. Cela explique lâendroit isolĂ©, loin des regards. Il y a un homme et une femme. Si, si, regardez bien. Pour ce genre de mission en terre Ă©trangĂšre et potentiellement ennemie, il vaut mieux que ce soit un couple uni. Ces deux-lĂ sont unis leurs bras et leurs jambes se touchent. De plus, ils passeront plus facilement inaperçus ainsi. Sur la rive du lac, invisible sur lâimage, se trouve un chalet, ou une simple cabane de pĂȘche, quâils ont Ă©lue pour domicile. Peut-ĂȘtre ont-ils tuĂ© le propriĂ©taire. Ils le feront certainement si ce dernier a le malheur de se pointer pendant quâils sont dans les parages. Je voudrais croire quâils se contenteraient de lâemprisonner dans leur vaisseau puis dans leur base, comme les ĂȘtres bien Ă©levĂ©s quâils sont, mais nous savons dĂ©jĂ que le vaisseau nâest pas conçu pour se poser ici ce serait trop risquĂ© et les soldats ne prennent pas de risques inutiles. AprĂšs tout, ils sont lĂ pour faire la guerre. Je pense en effet que les deux sont des Ă©claireurs chargĂ©s de prĂ©parer lâinvasion de la planĂšte. Ils nâont rien contre nous, exceptĂ© le fait que nous occupons cette planĂšte et que nous nâallons pas la partager avec eux. Ils nous connaissent bien. Et pour une bonne raison, ils sont nos semblables, avec quelques milliers dâannĂ©es dâavance. Mais ils ont fait un trop long chemin pour reculer. BientĂŽt, ils vont se mettre en route, et dâautres avec eux venus des quatre coins du monde. Ils vont descendre vers la ville la plus proche et se mĂȘler Ă nous. Ils sont peut-ĂȘtre dĂ©jĂ parmi nous. Et ce ne sont pas quelques microbes, voire quelques virus importĂ©s de Chine, qui vont les arrĂȘter, croyez-moi ! Comment la science a conquis le monde littĂ©raire ou la MĂ©thode scientifique a tort et a travers Non, le titre ci-dessus ne comporte aucune faute de grammaire. La MĂ©thode scientifique moderne a Ă©tĂ© un long processus qui sâest finalement cristallisĂ© au cours du Moyen-Ăąge europĂ©en, lâĂąge des tĂ©nĂšbres comme disent les demi-savants, sous lâĂ©gide dâune poignĂ©e de moines, de vrais savants eux, au premier plan desquels Thomas dâAquin et Roger Bacon, eux-mĂȘmes inspirĂ©s par les savants grecs. On peut dire quâils ont prĂ©parĂ© le terrain Ă la science telle quâelle sâest pratiquĂ©e jusquâĂ nos jours. Leur but Ă©tait de dĂ©couvrir les mĂ©canismes naturels rĂ©gissant lâunivers, les lois gĂ©nĂ©rales, les causes premiĂšres et leurs effets, au moyen de lâobservation rigoureuse, Ă©ventuellement de lâexpĂ©rimentation puis de la dĂ©duction logique. Et cette mĂ©thode sâest rĂ©vĂ©lĂ©e particuliĂšrement fructueuse pour percer nombre de secrets de la physique ou de la chimie parce quâil se trouve quâen effet les mĂ©canismes de lâunivers sont rĂ©gies par des relations mathĂ©matiques relativement peu nombreuses et qui ne changent ni dans lâespace ni dans le temps. Mais une raison primordiale du succĂšs de la MĂ©thode scientifique dans les domaines citĂ©s quâon oublie souvent est que les interactions entre les objets Ă©tudiĂ©s y sont relativement peu nombreuses. Avec deux corps, on peut dĂ©crire trĂšs prĂ©cisĂ©ment lâĂ©tat des forces et des objets en prĂ©sence, calculer leurs trajectoires Ă nâimporte quel instant, dĂ©duire leur devenir et leur passĂ©. Avec trois corps, seuls les meilleurs mathĂ©maticiens du monde peuvent arriver Ă calculer une solution et encore celle-ci est inutilisable dans la pratique cat il faudrait une Ă©ternitĂ© pour arriver Ă une solution, ou bien ils arrivent Ă des solutions pratiques mais uniquement en posant une sĂ©rie de conditions bien particuliĂšres et bien arrangeantes. Ă partir de cinq, on peut estimer quâil nây a plus de solution du tout, ou en supposant des conditions exceptionnelles qui se retrouvent peu dans la nature. On voit que plus on va vers la complexitĂ©, plus le calcul exact des effets devient hors dâatteinte. On ne peut plus alors parler de lois ou dâĂ©quations rĂ©glant les effets sur les diffĂ©rents corps quâavec des pincettes, et en indiquant les marges dâerreur quand on peut encore les calculer. Bref, on rentre dans le domaine de la probabilitĂ© et cette probabilitĂ© nâest pas toujours supĂ©rieure Ă 8 contre 2, ce qui nâest pas si bon. On entre dans le domaine de la biologie. NĂ©anmoins, la MĂ©thode scientifique reste toujours pertinente dans ce domaine, surtout en biochimie. On peut observer, on peut faire des expĂ©riences pas toujours mais souvent et on peut faire des dĂ©ductions avec souvent une trĂšs bonne probabilitĂ© mĂȘme si ces rĂ©sultats nâauront jamais lâautoritĂ© indiscutĂ©e dâune solution mathĂ©matique. Les domaines oĂč la MĂ©thode commence Ă ĂȘtre vraiment discutable et parfois nuisible sont les domaines situĂ©s dans la zone grise, Ă lâintersection de la science et de lâart, comme la mĂ©decine, lâagronomie, la climatologie ou la police dite scientifique. Au-delĂ , elle est entiĂšrement inutile et propice Ă toutes les aberrations de la pensĂ©e. Câest pourquoi, naturellement, instinctivement pourrait-on dire, car on avait encore de l'instinct Ă cette Ă©poque, les savants et philosophes des temps anciens nâappliquaient jamais cette mĂ©thode Ă tout ce qui touche lâhumain. La complexitĂ© devient bien trop Ă©levĂ©e, irrĂ©ductible, absolument hors dâatteinte, les interactions devenant en pratique infinies. Il nây a donc aucun sens Ă appliquer la mĂ©thode scientifique aux sciences humaines et pourtant lâhomme lâa fait, sans surprise, puisquâon peut ĂȘtre sĂ»r quâil fera un jour ou lâautre tout ce qui est Ă portĂ©e de son imagination. Les premiers Ă avoir commis cette perversion de lâesprit de la mĂ©thode sont des philosophes allemands. MĂȘme la Critique de la Raison Pure de Kant, bien que concluant finalement que la MĂ©thode scientifique est inutilisable dans la plupart des domaines dâĂ©tudes Kant le dit Ă©videment autrement, ou ce ne serait pas un philosophe allemand est un exemple fascinant de lâutilisation dĂ©voyĂ©e de la mĂ©thode il lui faut en effet utiliser la MĂ©thode scientifique et deux cent mille mots pour dire ce quâil aurait pu intuitivement formuler en vingt. MĂȘme la littĂ©rature qui traite fondamentalement du rapport dâun esprit particulier avec le monde, et qui doit donc gĂ©rer un million, un milliard, une infinitĂ© dâinteractions, nâa pas Ă©chappĂ© Ă cette prĂ©somption dĂ©lirante. On pourrait croire quâils se seraient contentĂ©s dâappliquer la MĂ©thode oĂč elle a sa place lois de la grammaire de la syntaxe ou de la phonĂ©tique. Mais ils ne se sont pas arrĂȘtĂ©s lĂ . Une bonne partie de lâenseignement des grands auteurs laisse croire aux Ă©lĂšves que les textes sont essentiellement des sortes de rebus mystĂ©rieux quâon peut et doit rĂ©soudre par lâexamen minutieux et la logique. Dans ce cadre de pensĂ©e, le hors-texte devient lâessentiel car il est beaucoup plus facile de raisonner selon la mĂ©thode scientifique » sur du hors-texte pour la premiĂšre raison quâon est libre dây mettre tout ce qui ira dans le sens de la dĂ©monstration et de ne pas voir tout ce qui pourrait aller Ă lâencontre et la seconde qui est que ce commentaire est prĂ©cisĂ©ment fait pour la MĂ©thode. Lâobjectif est donc de construire un corpus de gloses diverses autour du livre qui lui sera analysable et dĂ©ductible logiquement. On en est arrivĂ© Ă un point oĂč pour certains commentateurs acadĂ©miques, universitaires ou pas, le seul texte qui vaille en littĂ©rature est lâimmense masse de spĂ©culations gĂ©nĂ©ralement invĂ©rifiables dont ces messieurs-dames ont cernĂ©, serrĂ©, Ă©tranglĂ© le vĂ©ritable texte. Cela me fait songer Ă ces mathĂ©maticiens et autres physiciens naĂŻfs qui, tout Ă©blouis par la splendeur de lâĂ©chafaudage conceptuel quâils ont construits autour des objets rĂ©els afin de les dĂ©crire, de les mesurer avec une prĂ©cision toujours plus grande, finissent par ne plus voir que cela, par prendre le simulacre pour lâobjet. Ils ne rĂ©alisent plus que cet Ă©chafaudage, aussi Ă©lĂ©gant soit-il les scientifiques adorent ce mot, je ne sais pas pourquoi, aussi utile et grandiose soit-il, nâest justement que cela. Que lâauteur ait laissĂ© des blancs dans son texte est une certitude mais les commentateurs sans vergogne sây engouffrent en estimant que câest leur devoir de rĂ©vĂ©ler ces blancs comme sâil sâagissait dâune encre sympathique. En fait, câest un contre-sens. Aussi incroyable que ça semble, quand un grand auteur si on Ă©tudie un auteur, câest une façon dâadmettre quâil est grand, donc talentueux et compĂ©tent dâune façon trĂšs supĂ©rieure Ă la moyenne, y compris celle des universitaires qui lâĂ©tudient laisse des blancs, câest pour quâils restent blancs. Ou disons-le autrement, pour que le lecteur individuel les remplisse, les investisse, non pas avec sa raison raisonnante mais avec tout son ĂȘtre. Si lâauteur a laissĂ© des blancs, ce nâest pas pour que des cuistres les noircissent de leur considĂ©rations, aussi Ă©lĂ©gantes ou intelligentes puissent-elles ĂȘtre. Faire cela, câest de la prĂ©somption, câest mĂȘme de lâusurpation. Le grand Ă©crivain connaĂźt mieux que personne son livre, y compris celui ou celle qui passera quarante annĂ©e de sa vie Ă dĂ©crypter son livre avec loupe et peigne fin. Câest bien normal, ce livre, comme le dit Flaubert plus comiquement, câest lui. Il sait donc mieux que quiconque ce qui doit ĂȘtre dit et ce qui doit rester tu. Au mieux le commentateur du hors texte sera bĂ©nin ; au pire, il sera nocif. Mais il sera toujours Ă cĂŽtĂ© de la plaque. Naturellement ce trouble profond nĂ© de lâignorance de ses propres limites et ce nâest pourtant pas faute dâavoir Ă©tĂ© averti ne sâest pas arrĂȘtĂ© aux commentateurs, universitaires, critiques et autres. Il a bien Ă©videment dĂ©teint sur les Ă©crivains eux-mĂȘmes. StupĂ©fiant le nombre dâĂ©crivains, de vrais auteurs pourtant, ou qui lâont Ă©tĂ©, qui finissent par prendre le hors texte pour lâessence mĂȘme de leur livre et nâĂ©crivent en fait plus que des commentaires du livre quâils auraient dĂ» Ă©crire et quâils nâont pas Ă©crit ce dĂ©tail leur Ă©chappe aussi. Je veux prendre un exemple illustre de ce que jâavance avant de terminer. Un seul suffit. Et je vais donc choisir le plus grand Ă©crivain de la seconde moitiĂ© du vingtiĂšme siĂšcle, au moins pour le potentiel, pour les forces dĂ©ployĂ©es, et peut-ĂȘtre mĂȘme, jâhĂ©site encore, pour ses rĂ©els succĂšs littĂ©raires. Je vais donc parler de Gene Wolfe. Vous me direz quâil nâest pas si illustre que ça. Câest vrai disons que je fais un pari sur la postĂ©ritĂ© mais un des paris sur le futur les plus faciles Ă gagner que jâai fait dans ma vie, tant il dĂ©passe ses collĂšgues de la tĂȘte et mĂȘme parfois des Ă©paules. Pour ce qui est de la cĂ©lĂ©britĂ© ou de la reconnaissance, il est Ă©vident que son principal tort aura Ă©tĂ© dâĆuvrer dans la science-fiction et le fantastique, deux genres rĂ©servĂ©s jusquâĂ rĂ©cemment, en dehors de quelques trĂšs rares exceptions, aux demi-portions littĂ©raires, aux auteurs pour rire. Mais pour ce qui est de lâaboutissement proprement littĂ©raire, sa principale erreur aura Ă©tĂ© finalement de prendre le hors texte pour la question principale. Il sâest progressivement laissĂ© embrigader dans la mouvance gĂ©nĂ©rale. Au dĂ©but de sa carriĂšre ou disons un peu avant le milieu, il Ă©crivait des textes absolument remarquables, mais toujours Ă©nigmatiques. Son roman La CinquiĂšme TĂȘte De CerbĂšre, par exemple, est un puzzle dâune ingĂ©niositĂ© considĂ©rable â aucune raison dâen douter â un peu comme le second Alice de Lewis Carroll, mais Ă la puissance quatre. Le piĂšge, câest que la beautĂ© de ce livre ne vient pas plus de ce gigantesque puzzle que celle dâAlice ne vient de la partie dâĂ©checs. Les adeptes de la MĂ©thode sont persuadĂ©s que câest en rĂ©solvant la partie dâĂ©chec ou le puzzle de quatre-vingt mille piĂšces de Wolfe quâils comprendront le texte. Câest une erreur. Ă la limite, jâoserai mĂȘme dire que leur rĂ©solution nâa aucun intĂ©rĂȘt. Il est possible en fait quâil nây ait aucune solution logiquement satisfaisante et cela ne changerait rien. La vĂ©ritĂ© dans la littĂ©rature nâa jamais Ă©tĂ© dans la logique. Elle se trouve dans sa poĂ©sie. Pas la poĂ©sie qui nous parle des petites fleurs et des gentils oiseaux, simples ornements dans un coin du tableau, mais cette musique quâon ne peut entendre avec les oreilles et qui connecte un esprit Ă un autre. Et la poĂ©sie, comme dit LautrĂ©amont qui sây connaissait, est affaire de tous. De tous les phĂ©nomĂšnes physiques ou mĂ©taphysiques se produisant Ă travers lâĂąme humaine instinct, sens, sensibilitĂ©, imagination, mĂ©moire, raisonnement, expĂ©rience, rĂȘve. Jamais par un. William Hope Hodgson et Howard Phillips Lovecraft maĂźtres des rĂȘves Le rĂȘve dont il est question dans lâarticle prĂ©sent est pris au sens strict, toute poĂ©sie ou rhĂ©torique Ă©vacuĂ©e. Il sâagit donc uniquement du rĂȘve que lâon fait quand on dort. Bien que je les rĂ©unisse ici, avec je crois de bonnes raisons, il existe autant de diffĂ©rences que de ressemblances entre ces deux auteurs. NĂ©anmoins, on pourrait tous les deux les qualifier sans crainte de crĂ©ateurs de cauchemars dâanthologie. Jâinsiste Ă dessein sur le terme dâauteur et non dâĂ©crivain. En effet, en tant quâĂ©crivain, je ne les tiens pas en trĂšs haute estime ce sont tout sauf des maĂźtres Ă©crivains. Ils ne maĂźtrisent certainement pas lâart littĂ©raire, comme disons, pour ne prendre que des auteurs ayant ĆuvrĂ© dans le domaine fantastique, Le Fanu, Poe, Machen, Maupassant, Kafka ou plus rĂ©cemment Gene Wolfe. Mais ce sont Ă coup sĂ»r des auteurs, aux thĂšmes et au style reconnaissables entre mille. Pour parler des points communs, les deux ont connu le triste sort dâĂȘtre Ă peu prĂšs sans lecteurs de leur vivant, Ă lâexception dâun cercle minuscule trĂšs spĂ©cialisĂ© ou de quelques chalands Ă©garĂ©s Ă la recherche dâun bon petit roman de gare ils ne pouvaient pas moins bien tomber. Lovecraft, si rĂ©vĂ©rĂ© quâil soit de nos jours, a de ce point de vue connu lâĂ©chec le plus cuisant. Cela nâa rien pour mâĂ©tonner. Disons-le, son style est trĂšs difficile Ă supporter le long dâun livre entier. Son empilement des adjectifs destinĂ©s Ă frapper dâĂ©pouvante le lecteur a, pour un adulte, un effet comique assurĂ©ment non souhaitĂ©. Et son art de la narration, en particulier pour crĂ©er une montĂ©e dramatique, est Ă©galement problĂ©matique. En dehors dâune petite poignĂ©e de nouvelles, il est trĂšs rare dâĂȘtre empoignĂ© dâemblĂ©e par ses rĂ©cits et encore plus rare de le rester. Pour citer un Ă©crivain Ă ses antipodes â Ă©crivain douĂ©, grand technicien, mais auteur sans grand intĂ©rĂȘt â je nommerai le trĂšs populaire Stephen King. Ce dernier a tout ce qui manque Ă Lovecraft un style digeste, un art de la montĂ©e en tension trĂšs efficace et plutĂŽt raffinĂ© sous ses dehors brutaux je pense ici en particulier Ă ses romans Pet Semetary ou The Shinning. De ce point de vue, Lovecraft est un Ă©crivain de la prĂ©histoire il a tout du peintre primitif comparĂ© aux maĂźtres de la renaissance, experts en perspective, en reliefs et en finesse anatomique aussi bien que psychologique. Il nâest clairement pas de son Ă©poque Ă cet Ă©gard. Hodgson pĂšche un peu diffĂ©remment. Son Ćuvre la plus connue, The Night Land Le Pays de la Nuit, est un exemple Ă©difiant de comment il ne faut surtout pas Ă©crire. Son idĂ©e Ă©tait visiblement dâutiliser un style archĂ©typique pour une histoire archĂ©typique et naturellement il sâest tournĂ© vers le style biblique. LâidĂ©e nâĂ©tait pas forcĂ©ment mauvaise. Malheureusement, il nâavait ni la virtuositĂ© littĂ©raire ni la finesse pour rĂ©aliser son projet dâune maniĂšre convaincante. Il lui aurait fallu ĂȘtre Nietzsche ou TolstoĂŻ. Mais il nâĂ©tait quâun modeste Ă©crivain avec de grandes, trĂšs grandes visions. De plus, tout comme dâailleurs son admirateur amĂ©ricain, il est incapable de camper un personnage fĂ©minin crĂ©dible, ce qui est tout de mĂȘme un lourd handicap, surtout quand on se propose dâĂ©crire une histoire dâamour, ce qui est le cas de The Night Land. LâAmĂ©ricain, lui, a plus tard rĂ©gler le problĂšme dâune façon radicale en Ă©liminant purement et simplement tout Ă©lĂ©ment fĂ©minin de ses histoires, de sorte quâun archĂ©ologue extraterrestre du futur ne connaissant les Terriens que par son Ćuvre pourrait croire que nous Ă©tions une espĂšce unisexuĂ©e, ou plus exactement asexuĂ©e puisquâun sexe nâa pas de sens sans le second. La diffĂ©rence la plus fragrante entre les deux auteurs est Ă vrai dire biographique il est difficile dâimaginer des vies plus opposĂ©es que celles de Lovecraft et Hodgson. Le second a dĂ» se dĂ©battre toute sa vie pour trouver un moyen de subsistance, entre marine et prof de culturisme, lâĂ©criture nâĂ©tant que lâun de ces moyens, et a fini sa vie de tribulations sur le triste champ de bataille de la Grand Guerre. Lovecraft Ă©tait un homme qui semble avoir pris le conseil de Pascal au pied de la lettre il nâest de malheur que de ne pas savoir rester dans sa chambre. Hodgson Ă©tait aussi actif que lâAmĂ©ricain Ă©tait passif. Regardez leur portrait ci-dessus on ne dirait vraiment pas quâils sont frĂšres. Et pourtant, littĂ©rairement, spirituellement peut-ĂȘtre, nul nâest plus proche de Hodgson que Lovecraft. MalgrĂ© leur approche trĂšs diffĂ©rente de la vie, lâimpression dominante qui reste quand on a fini de lire le meilleur des deux Ă©crivains est trĂšs comparable lâhomme aux prises Ă de forces cauchemardesques, monstrueuses, mystĂ©rieuses, cachĂ©es, hostiles, apparaissant de prĂ©fĂ©rence dans les rĂȘves. Un rĂ©gal Ă©videmment pour le psychanalyste. On retrouve dans leurs abominations le mĂȘme cĂŽtĂ© hideux, visqueux et tentaculaire et de plus griffu pour lâhomme de Providence celui des dieux de Lovecraft et celui des Ă©tranges crĂ©atures vĂ©gĂ©tales des rĂ©cits maritimes de lâAnglais. On retrouve surtout le mĂȘme thĂšme de la mĂ©tamorphose, un des plus centraux selon moi de leur Ćuvre et le plus important chez Lovecraft. Il faut noter que cette mĂ©tamorphose concerne presque toujours le personnage principal qui est souvent aussi le narrateur de lâhistoire. Ce thĂšme est parfois masquĂ© comme dans The House on the Borderland La Maison du Bord du Monde par pudibonderie ou simplement parce que lâauteur ne sâest pas lui-mĂȘme rendu compte de ce quâil Ă©tait en train dâĂ©crire. Dans ce roman, une histoire de doubles fondamentalement, il est assez clair que lâhorreur extrĂȘme ressentie par le narrateur vient de ce quâil sait au fond de lui que lâaffreuse crĂ©ature Ă tĂȘte de porc est un autre lui-mĂȘme, venu le hanter depuis un futur apocalyptique. La femme, sa propre sĆur, est ici la clĂ© de lâhistoire en dĂ©pit du fait quâil ne la mentionne que trĂšs incidemment et quasiment pas avant la seconde moitiĂ© du roman. Le Pays de la Nuit montre Ă©galement un narrateur qui a un double vivant Ă la fin des temps, et avec qui il a une relation psychique trĂšs particuliĂšre, quoique pacifique dans ce cas il y a dĂ©jĂ bien assez dâhorreurs autour de lui. Quiconque a essayĂ© de traduire un de ses rĂȘves en mots sait Ă quel point lâopĂ©ration peut ĂȘtre dĂ©cevante, pratiquement vouĂ©e Ă lâĂ©chec. Câest comme un plongeur sous-marin remontant des abysses un poisson aux formes et aux couleurs magnifiques et qui sâaperçoit arrivĂ© Ă la surface que le poisson est devenu singuliĂšrement terne et informe. Câest Ă cette difficultĂ© colossale que ce sont attelĂ©s, souvent avec un acharnement proche de lâobsession, ces deux auteurs. On peut mĂȘme dire que Lovecraft est un monomaniaque du rĂȘve. Il faut remarquer que la dimension merveilleuse des rĂȘves nâest pas absente chez eux, mĂȘme si on a tendance Ă ne retenir que le cĂŽtĂ© sombre de leurs visions. Dans le Pays de la Nuit par exemple, que je tiens pour le plus grand roman ratĂ© de toute la littĂ©rature de lâimaginaire, il y a des scĂšnes absolument merveilleuses, comme dans ce pays du silence oĂč chantent les morts. Pour rendre de la couleur aux rĂȘves tout en leur prĂȘtant les qualitĂ©s dâune fiction de dimension commercialisable, il faut souvent leur donner une traduction littĂ©raire, ce qui veut dire changer presque toute la chair, voire parfois lâos, pour ne garder guĂšre plus que lâimpression centrale, lâessence immatĂ©rielle pourrait-on dire. Ce nâest pas leur cas. Dans leurs livres les plus mĂ©morables, ils cherchent Ă coller au plus prĂšs de leur vision. Ils dĂ©crivent plus quâils ne traduisent. Et comme ils rĂ©alisent que leur re-crĂ©ation est bien loin de procurer lâhorreur ou lâĂ©merveillement quâils avaient dans la tĂȘte en dormant, ils cherchent Ă compenser par divers artifices plus ou moins efficaces. Cela est surtout vrai de Lovecraft mais le sentiment dâimpuissance crĂ©atrice est aussi trĂšs prĂ©sent dans certains textes de Hodgson. Pour finir, je voudrais donner au lecteur dĂ©sirant connaĂźtre leur Ćuvre quelques recommandations de lecture, particuliĂšrement bienvenues, Ă mon avis, dans leur cas. Pour Lovecraft, le choix est assez simple car ce sont gĂ©nĂ©ralement aussi ses rĂ©cits les mieux Ă©crits, les plus agrĂ©ables et les plus efficaces. Je citerai donc par ordre de prĂ©fĂ©rence croissante The Outsider Je Suis dâAilleurs ; The Wicked Clergyman Le Clergyman Maudit ; The Whisperer in Darkness Celui qui Chuchotait dans les TĂ©nĂšbres, The Colour out of Space La couleur tombĂ©e du ciel, The Shadow over Insmouth Le Cauchemar dâInsmouth. Et aussi, malgrĂ© son style terrible, le roman The Dream Quest of the Unknown Kaddath Ă la recherche de Kadath. Jâai volontairement gardĂ© tout le long de cet article les titres originaux, en hommage au talent poĂ©tique de Lovecraft qui semblait particuliĂšrement concentrĂ© dans ses titres, presque toujours excellents. NĂ©anmoins, je conseille au lecteur bilingue de choisir une version française, la traduction ayant le bon effet de gommer en partie les gaucheries les plus ennuyeuses de ces deux auteurs. Pour Hodgson, le rĂŽle de conseil est plus dĂ©licat. En effet, lâintĂ©rĂȘt de ses textes est assez rarement proportionnel Ă leurs qualitĂ©s dâĂ©criture. Par exemple, on pourrait dire que le meilleur de son Ćuvre, du point de vue de lâefficacitĂ© narrative, et probablement du style, est contenu dans sa sĂ©rie des Carnacki, au moins les premiers rĂ©cits. Ils sont faciles et confortables Ă lire pour le lecteur lambda, sans faire injure Ă Lambda, parce quâils reposent sur une sorte de recette unique, reproduite avec de trĂšs lĂ©gĂšres variations, et reprennent des conventions littĂ©raires dĂ©jĂ bien connues du dit lecteur. Câest donc assez ironique mais Hodgson a trĂšs nettement mieux maĂźtrisĂ© son affaire dans ces detective stories, sans doute plus Ă la hauteur de ses compĂ©tences littĂ©raires, assez limitĂ©es convenons-en, que dans ses romans bien plus intĂ©ressants que sont The House on the Borderland dâune incohĂ©rence rare et surtout The Night Land au style et aux digressions sentimentales rendant sa lecture intĂ©grale presque insoutenable Ă ne surtout pas lire en version originale, ou alors dans sa version raccourcie intitulĂ©e The Dream of X. Disons que pour concilier les deux aspects, intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et efficacitĂ© narrative, je conseillerai au lecteur dĂ©butant de commencer par ses rĂ©cits de mer, rĂ©unis pour partie, en version française, dans le recueil La Chose dans les Algues ou dans le recueil original, diffĂ©rent du français, Men of the Deep Waters. Certaines ne sont pas fantastiques, comme lâexcellente My House Shall Be Called the House of Prayer, mais la plupart sont vraiment bien Ă©crites et la plus emblĂ©matique de ses nouvelles, cauchemardesque Ă souhait, The Voice in the Night, figure dans les deux recueils. Et sâil aime vraiment, rien ne lâempĂȘche dâessayer ses deux chefs dâĆuvres ratĂ©s mentionnĂ©s plus haut, qui lui demanderont certainement plus dâabnĂ©gation. 10 films Ă emporter sur une planĂšte dĂ©serte JâĂ©cris peu sur le cinĂ©ma. Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le septiĂšme art me convient bien moins que la littĂ©rature de fiction ou la peinture. Il laisse peu Ă lâimagination du spectateur. NĂ©anmoins il a tout de mĂȘme quelques qualitĂ©s indĂ©niables. Et je ne pourrais pas dire que les 10 films listĂ©s ci-dessous nâaient pas eu un rĂŽle dans mon background artistique. Le chiffre 10 est complĂštement arbitraire. Mais puisque câest la coutume de sĂ©lectionner un mutiple de 10 pour les best of et que je nâaime pas les hit-parades Ă rallonge, autant le choisir. Bien sĂ»r, cela mâoblige Ă Ă©liminer un certain nombre de films qui mâont marquĂ©, comme par exemple Le rayon vert dâĂric Rohmer ou Yeelen de Souleymane CissĂ© et bien dâautres qui ne me reviennent pas Ă lâesprit prĂ©sentement. De toute façon, lâintĂ©rĂȘt de lâexercice se situe plutĂŽt dans les rĂ©flexions quâil suscite que de faire connaĂźtre mes goĂ»ts cinĂ©matographiques. Je dois dâailleurs avertir le lecteur que je suis loin dâĂȘtre un cinĂ©phile expert et quâil ne devra pas sâĂ©tonner sâil trouve mes choix quelque peu Ă©clectiques ou regrettables. Comme je viens de le dire, ce nâest pas le propos. Ma liste est sans ordre de prĂ©fĂ©rence, ni mĂȘme chronologique. - La nuit du chasseur de Charles Laughton un classique, je crois bien, celui-lĂ . Et un bide Ă sa sortie, ce qui ne devrait surprendre personne vu que la poĂ©sie presque expressionniste, le style artiste », le recours au noir et blanc, le jeu complĂštement dĂ©bridĂ© et hallucinĂ© de lâordinairement ultra sobre Robert Mitchum sont en opposition avec les qualitĂ©s habituelles du cinĂ©ma amĂ©ricain. Celui-ci est fondamentalement sobre, net et prĂ©cis, tournĂ© entiĂšrement vers l'efficacitĂ© narrative dans l'ensemble, on pourra remarquer que les films amĂ©ricains que j'ai sĂ©lectionnĂ©s sont plutĂŽt des exceptions confirmant la rĂšgle. Naturellement, il faut oublier les productions de la derniĂšre dĂ©cennie oĂč on aurait du mal Ă trouver ces qualitĂ©s, oĂč en fait on aurait du mal Ă trouver nâimporte quelle qualitĂ©. Quand on arrive Ă tenir le super hĂ©ros pour lâhorizon indĂ©passable de son ambition artistique, câest que lâintelligence est proche du point zĂ©ro. Je note, par contraste, lâexcellente santĂ© des sĂ©ries amĂ©ricaines, enfin disons quelque unes, tellement plus novatrices et ambitieuses dans leur propos, dans leur qualitĂ©s dâĂ©criture et dâinterprĂ©tation mais cela va ensemble, bien entendu et mĂȘme dans leur mise en scĂšne. Pour en revenir au film de Laughton, câest un joyau solitaire et un peu fou, dâautant plus prĂ©cieux quâil est Ă peu prĂšs sans vĂ©ritable Ă©quivalent, Ă ma connaissance, dans toute lâhistoire du cinĂ©ma. M le Maudit de fritz Lang Le lien avec le prĂ©cĂ©dent doit ĂȘtre Ă©vident pour ceux qui ont vu les deux films. Et je suppose que câest aussi la raison pour laquelle jây pense maintenant. Toutefois, le film de Lang est paradoxalement, pour un Allemand de lâĂ©poque expressionniste, bien plus sobre que celui de lâAnglais. On dit que câest lâancĂȘtre du cinĂ©ma moderne. Peut-ĂȘtre mais alors du cinĂ©ma moderne amĂ©ricain. En voyant ce trĂšs beau film, on ne sâĂ©tonne pas que Lang ait si bien rĂ©ussi Ă Hollywood. Jâaurais pu dâailleurs ajouter plusieurs films de ce rĂ©alisateur dans ma liste, tous faits en AmĂ©rique, comme RĂšglement de compte avec Glen Ford ou Furie avec Spencer Tracy. Le fait dâavoir sans cesse Ă se dĂ©battre avec la morale Ă©triquĂ©e des censeurs hollywoodiens, surtout quand il sâagit de sexe mais pas seulement, ainsi quâavec les studios tout puissants, a finalement Ă©tĂ© bĂ©nĂ©fique pour ses meilleurs films. Faute de pouvoir dire les choses clairement, il les a suggĂ©rĂ©es, ce qui nâest pas plus mal. Mais il faut souligner sa remarquable capacitĂ© dâadaptation car bien peu de cinĂ©astes Ă©trangers sont parvenus Ă faire de lâimpitoyable carcan hollywoodien une force. Le Bateau de Wolfgang Petersen encore un film allemand dira-t-on. NĂ©anmoins ce nâest pas le point commun qui me fait passer de M le Maudit Ă ce film, câest plutĂŽt une diffĂ©rence essentielle autant Lang a excellĂ© Ă Hollywood, autant Petersen a sombrĂ© corps et bien et Ăąme en migrant vers les USA, comme bien dâautres avant et aprĂšs lui. Le meilleur film de sous-marin que je connaisse devant Alien, le septiĂšme passager et The Thing un vaisseau spatial ou une base en antarctique ressemblent beaucoup Ă un sous-marin dâaprĂšs ce que jâai pu voir. La dramaturgie de ce trĂšs long film â il mĂ©rite vraiment dâĂȘtre vu dans sa version longue â est impeccable. Je ne connais rien aux sous-marins mais on sây croit vraiment. Pour le coup, on peut le dire, on est en totale immersion du dĂ©but Ă la fin. Et voir des ĂȘtres humains dans des situations dĂ©sespĂ©rĂ©es est toujours trĂšs Ă©mouvant. Je suppose que si on refaisait le film de nos jours, puisquâon ne sait plus guĂšre faire que des remakes et encore il y aurait deux noirs, un homosexuel, des filles Ă la paritĂ© et un cul de jatte Ă roulettes, soit dit sans offense pour ces diverses catĂ©gories tout Ă fait respectables. Blade Runner de Ridley Scott ah, Ă©videmment, puisquâon parlait dâAlien, je ne pouvais pas ne pas y penser. Le meilleur film de science-fiction que jâai vu. Dâautant plus remarquable quâĂ en juger par le roman dont il est tirĂ©, vague brouillon comme souvent avec Dick, câĂ©tait loin dâĂȘtre gagnĂ© dâavance. Une des réécritures cinĂ©matographiques les plus intelligentes quâon ait jamais faite dâun roman. Et quel spectacle Ă©poustouflant ! Quel achĂšvement artistique ! MĂȘme la musique de Vangelis est formidable, pour une fois. Ă une Ă©poque, Scott savait ce que voulait dire le mot poĂ©sie. Evidemment, il a oubliĂ© toutes ces balivernes de jeunesse maintenant quâil est vieux, riche et cĂ©lĂšbre. Mieux vaudrait pour lui en tout cas oublier sa rĂ©cente sĂ©quelle, mĂȘme sâil nâen est que le producteur. Solaris dâAndreĂŻ Tarkovsky lâautre grand film de science-fiction du siĂšcle dernier. Tarkovsky est sans Ă©gal pour sa façon de filmer. Une poĂ©sie inouĂŻe. Nettement moins convaincant en gĂ©nĂ©ral dans la conduite de ses rĂ©cits. Disons-le franchement les films de Tarkovsky sont en moyenne bavards et ennuyeux pour les deux tiers et sublimes pour un seul tiers. Mais celui-ci est lâexception Ă la rĂšgle. Il tient la route dans lâensemble, malgrĂ© ses rallonges et sa prolixitĂ© habituelles, et pour cause, il est issu dâun des meilleurs romans de SF qui soit. Cela nâempĂȘche pas toutefois que la version hollywoodienne du roman avec Clooney soit trĂšs plate et complĂštement Ă cĂŽtĂ© de la plaque. Jâaurais pu choisir Ă la place, toujours de lâartiste russe, Stalker, tirĂ© dâun autre classique de la SF, pour ses images dâune beautĂ© exceptionnelle, les plus rares, les plus belles, les plus mystĂ©rieuses que Tarkovsky ait tournĂ©es, mais jâaime trop les bonnes histoires et de ce point de vue lâadaptation du roman des frĂšres Strougatsky est un parfait massacre. Un cinĂ©aste comme ce Russe est Ă©videmment impensable dans le cadre hollywoodien je crois que si ses films avaient Ă©tĂ© reformatĂ©s par les studios amĂ©ricains, il nâen serait pas restĂ© un quart dâheure, pour une durĂ©e originale minimale de trois heures. La Guerre des Mondes de Spielberg celui-ci nâest pas du mĂȘme niveau que les deux derniers mais câest le meilleur film de SF de ce siĂšcle en cours et bien que je ne voie pas beaucoup de films, je regarde Ă peu tout ce qui sort dans le domaine de la SF, exceptĂ© bien sĂ»r les marvelleries et autres super-navets. En y rĂ©flĂ©chissant un peu, ce doit ĂȘtre lâun des seuls films qui mâa vraiment impressionnĂ© depuis le commencement du nouveau millĂ©naire. Jâen ai vu des assez bons, voire presque bons, mais trĂšs peu de marquants. Pourquoi est-il si bon ? Parce que Spielberg et ses scĂ©naristes ont eu au moins deux bonnes idĂ©es la premiĂšre, garder tout ce qui Ă©tait fort dans le roman de Wells et il y a beaucoup de points forts ; la seconde, changer ce qui Ă©tait faible. Pour ĂȘtre prĂ©cis, lâhistoire originale souffre surtout Ă mon avis dâĂȘtre vue par un de ces personnages ennuyeux Ă mourir quâon nous impose gĂ©nĂ©ralement dans ce type de rĂ©cit Ă savoir un scientifique ou un journaliste, un type dans le coup quoi, un initiĂ©. Avoir choisi un type lambda, un ouvrier, un docker, est dix fois plus efficace. Du coup, les Ă©vĂ©nements qui arrivent vous tombent dessus exactement comme ils tombent sur ce pauvre Ray, sans intermĂ©diaires verbeux et dispensables. Ensuite la maestria de Spielberg fait son Ćuvre et comme en plus les acteurs â la fillette en particulier â sont tous excellents, ça dĂ©colle vraiment. Bien entendu, il reste le dĂ©nouement plus qu'improbable de lâhistoire. Comment croire que des ĂȘtres capables de surmonter des problĂšmes scientifiques et technologiques dont nous sommes bien incapables ignoreraient le danger dâorganismes microbiens exogĂšnes ? Impossible naturellement Ă moins dâĂȘtre prĂȘt Ă croire que Jonas a passĂ© trois jours dans le ventre du gros poisson avant dâen ressortir et lĂ bien sĂ»r, nul ne peut plus rien pour vous. Dans la rĂ©alitĂ© bien sĂ»r, ce dĂ©sastreux point de dĂ©part donnĂ©, le rĂ©sultat Ă©tait couru d'avance notre espĂšce disparaissait ou se retrouvait encagĂ©e dans quelques parcs Ă thĂšmes extraterrestres histoire de garder quelques spĂ©cimens originaux et de prĂ©server un tantinet le dĂ©licat sens de l'Ă©thique des envahisseurs. Spielberg le sait. Wells devait lui aussi le savoir. Mais il faut croire que personne jusqu'Ă ce jour nâa trouvĂ© de meilleure justification pour sauver le happy end. The Naked Gun y a-t-il un flic pour sauver la reine ? aucun rapport cette fois. Il vaut mieux le voir en version originale, selon moi, si on comprend un peu lâamĂ©ricain. Je ne pouvais pas ne pas inscrire un film comique dans cette liste car je regarde souvent des films comiques et celui-ci est probablement mon favori. LâidĂ©e de base de lâacteur Leslie Nielsen est trĂšs simple rester impavide dans toutes les situations, aussi grotesques ou catastrophiques soient-elles, toujours par sa faute. Tout se passe dans les infimes nuances de son visage Ă©lastique et dans sa gestuelle. Et le rĂ©sultat est imparable en ce qui me concerne je ne peux pas voir un de ses films et celui-ci en particulier sans rire du dĂ©but Ă la fin. Jâaurais sans doute pu choisir un De FunĂšs pour cette mĂȘme raison le gĂ©nie grimacier et le gĂ©nie du mime. Les plus belles annĂ©es de notre vie de William Wyler le plus beau film de guerre, si on peut dire, que je connaisse. Je ne sais pas comment les spĂ©cialistes dĂ©crivent ce genre de films film de guerre ? film sentimental ? mĂ©lodrame ? tragicomĂ©die ? drame ? Ă©tude psychologique ? La poĂ©sie chez Wyler nait de lâextrĂȘme prĂ©cision de ses scripts, de ses dialogues et de sa direction dâacteurs. Je suppose que les acteurs dâaujourdâhui adoreraient tourner avec un rĂ©alisateur comme Wyler. Sa capacitĂ© Ă raconter simplement et efficacement des histoires trĂšs complexes est extraordinaire. Il est dâailleurs aussi bon dans presque tous les genres quâil a essayĂ©, mĂȘme le western, apparemment peu fait pour sa subtilitĂ© et son sens du rĂ©alisme, comme il le prouve avec le superbe film Les Grands Espaces. La vie est belle de Frank Capra je ne sais pas si on peut le qualifier de fable tragique tant lâoptimisme de Capra semble antagoniste de lâidĂ©e de tragĂ©die mĂȘme. Tout le sujet des films de Capra, en tout cas les quatre ou cinq que jâai pu voir, sont centrĂ©s autour du mĂȘme thĂšme la confrontation poignante dâun gentil idĂ©aliste â ils ne le sont pas tous, loin de lĂ â avec tous les cyniques et les corrompus, innombrables, de ce monde, puis la victoire finale et improbable du premier, non sans avoir encaissĂ© bien des coups avant. Et personne ne traite mieux cette problĂ©matique que lui dans lâunivers du cinĂ©ma. Pas Ă©tonnant quâil ait choisi James Stewart et Gary Cooper pour acteurs fĂ©tiches, tant leurs visages incarnent la droiture morale, la naĂŻvetĂ©, la bonne volontĂ©. Autant je comprends lâĂ©chec commercial dâun film comme La Nuit Du Chasseur, autant cela paraĂźt mystĂ©rieux dans ce cas. Pourtant il bĂ©nĂ©ficie comme souvent avec Capra dâune fin heureuse. Peut-ĂȘtre que le public est sorti avant la fin. Sinon, je ne vois pas. Ă la rĂ©flexion, jâaurais pu choisir Lâhomme de la Rue avec Gary Cooper, plus rĂ©aliste, plus mĂ©lancolique aussi. Yojimbo de Kurozawa câest le film qui a inspirĂ© trĂšs Ă©troitement Pour une poignĂ©e de dollars, le western qui a rendu cĂ©lĂšbre LĂ©one et Eastwood. Le film original est Ă peu prĂšs cinq fois mieux bien que la version spaghetti ne dĂ©mĂ©rite pas, loin de lĂ . Mais il est impossible dâimaginer la force comique et la poĂ©sie dĂ©bridĂ©e du film original en voyant ce remake. Toshiro Mifune est gĂ©nial en samouraĂŻ psychopathe son jeu est si allumĂ© et fantasque quâon dirait quâil a regardĂ© avant Mitchum jouer le faux pasteur dans le film de Laughton. Câest mon prĂ©fĂ©rĂ© du cinĂ©aste japonais. Mais de Kurosawa, je nâai en fait que des bons souvenirs jâaurais pu ainsi choisir Ran, lâexcellente adaptation du roi Lear de Shakespeare ou la superbe ode Ă la nature Derzou Ouzala oĂč lâon assiste Ă la lutte pour la survie de lâhomme civilisĂ© face Ă la nature puis Ă la lutte pour la survie de lâhomme de la nature face Ă la sociĂ©tĂ© moderne. Ce dernier film me fait Ă chaque fois penser au destin tragique dâAndrĂ© Cognat, qui, abandonnant mĂ©tier, famille, amis, pays, partit un jour, sans filet de secours, pour lâAmazonie, la Guyane, oĂč il vĂ©cut vingt ans avec femme et enfants dans un village indien perdu au milieu de la forĂȘt. Puis au bout de vingt ans, lui qui a tout quittĂ© par rejet de la sociĂ©tĂ© occidentale, sâaperçoit que les siens, amis, femme, enfants, nâont pas de plus grand dĂ©sir que dâappartenir Ă cette sociĂ©tĂ© quâil a fui avoir une tĂ©lĂ©, des vĂȘtements, des baskets, aller en ville faire du shopping⊠Et du coup, parce quâil sâest engagĂ© au plus profond de son Ăąme, il ne lui reste pas dâautre choix que dâaider et guider ceux qui sont devenus son peuple Ă sâintĂ©grer Ă cette civilisation Ă laquelle il avait cru un jour Ă©chapper. Une histoire terrible et emblĂ©matique qui mĂ©riterait Ă coup sĂ»r dâĂȘtre re filmĂ©e puisque les deux documentaires consacrĂ©s Ă cet homme hors du commun sont devenus pratiquement invisibles. Mais pour ça, il faudrait sans doute un nouveau Kurozawa. Desseins Ă©ternels une explication de texte Le sens de lâhistoire Desseins Ăternels est la seule histoire Ă clefs que jâai Ă©crite Ă ce jour, mis Ă part, peut-ĂȘtre, mon roman Les Survivants. Cette nouvelle ne peut en effet se comprendre pleinement, au moins pour un esprit rationnel, que si on possĂšde la clef, ou, plus exactement une des deux clefs qui en ouvrent les portes. Oh, je suis convaincu quâon peut la lire et lâapprĂ©cier sans jamais avoir eu vent de lâexistence de ces deux clefs, mais câest tout de mĂȘme plus satisfaisant et plus pratique si on les possĂšde. Personnellement, quand je lis un de ces rĂ©cits Ă Ă©nigme, je nâaime pas beaucoup que lâauteur me plante dans le noir complet arrivĂ© Ă la fin. Et bien que jâai parsemĂ© le rĂ©cit de nombreux indices permettant de dĂ©couvrir la premiĂšre clef, que je lâai nommĂ©e comme on le verra plus loin, je sens que certains lecteurs pourraient encore trouver ces lueurs insuffisantes pour Ă©clairer cette tĂ©nĂ©breuse Ă©tude de mĆurs. Il est possible aussi que mĂȘme le lecteur perspicace ressente le besoin dâavoir la justesse de ses idĂ©es confirmĂ©e par lâauteur lui-mĂȘme. Je vais donc me livrer Ă un exercice que je nâaurais pas cru refaire depuis que jâai quittĂ© le lycĂ©e en tant quâĂ©lĂšve, Ă savoir une explication de texte en bonne et due forme. En effet, je me suis aperçu que celle-ci Ă©tait, pour une fois, presque aussi distrayante que la nouvelle elle-mĂȘme, bien quâon perde Ă mon avis une bonne partie de son charme. Enfin et surtout, cela signifie que la suite de cet article sera un Ă©norme spoiler ; je ne peux donc que dĂ©conseiller de le lire si on nâa pas dĂ©jĂ lu la nouvelle ou si on nâaime tout simplement pas les explications de texte. En apparence, Desseins Ăternels se prĂ©sente comme une histoire dâamour contrariĂ© et donc dâautant plus exacerbĂ©. Dans le texte de prĂ©sentation, on apprend que le rĂ©cit est calquĂ© sur le modĂšle fourni par les anciens contes pour enfant oĂč il y a une belle emprisonnĂ©e dans un chĂąteau sous la garde dâun magicien et parfois dâun dragon et dans lequel un jeune hĂ©ros, chevalier Ă ses heures perdues, se propose de dĂ©livrer et enlever la belle sur son puissant destrier malgrĂ© lâexemple funeste dâune ribambelle de ses prĂ©dĂ©cesseurs ayant trouvĂ© une mort brutale dans lâentreprise. La diffĂ©rence importante est ici que lâhistoire se dĂ©roule au vingtiĂšme siĂšcle, sans doute peu aprĂšs le temps des hippies. Le chevalier est un jeune mĂ©decin de campagne, la belle est une Ă©tudiante dont la prison se partage entre lâinternat dâune Ă©cole pour filles trĂšs stricte et sa chambre solitaire dans lâimmense demeure rĂ©novĂ©e de ses parents adoptifs. Le mĂ©chant magicien est un artiste de renommĂ©e mondiale et son Ă©pouse, lâhorrible vieille barbichue et palpeuse, est le dragon du conte. Le puissant destrier est une R16, modĂšle de luxe, si on ose dire. Enfin, le chĂąteau est un chĂąteau, ou plutĂŽt ce quâil en reste aprĂšs que la partie supĂ©rieure ait Ă©tĂ© dĂ©truite puis reconstruite dans un goĂ»t nettement plus moderne, sans doute celui de lâartiste lui-mĂȘme. Le mĂ©decin et la jeune femme tombent donc amoureux, un vrai coup de foudre rĂ©ciproque, et pour des raisons inexpliquĂ©es, mais que lâon peut supposer, ils dĂ©cident de fuir pour vivre librement leur passion. En effet, on sait que le jeune mĂ©decin a le dĂ©faut dâĂȘtre dĂ©jĂ mariĂ© et pĂšre de deux enfants. De plus, il est vraisemblable que la belle fugitive nâa pas lâaccord de ses parents pour vivre son histoire dâamour avec cet homme mariĂ© et peut-ĂȘtre mĂȘme nâa-t-elle pas atteint la majoritĂ©, ce qui lâoblige lĂ©galement Ă obtenir cet accord. Cela expliquerait aussi la crainte du couple dâavoir la police Ă ses trousses. En apparence donc, la nouvelle raconte lâhistoire dâune fuite manquĂ©e. NĂ©anmoins, mĂȘme pour un lecteur peu attentif, il est clair que certains dĂ©tails et certains Ă©vĂ©nements sont inexplicables dans ce cadre strictement rĂ©aliste. Desseins Ăternels est en fait, sans surprise, un rĂ©cit fantastique. Quiconque est confrontĂ© Ă une coĂŻncidence aussi miraculeuse que celle du coup de foudre, au sens propre, qui est cause de lâaccident de circulation, qui lui-mĂȘme est cause du retour imprĂ©vu des fugitifs Ă la case dĂ©part, ne peut Ă©viter de le subodorer. Dâautant plus si on ajoute le fait, hallucinant dâimprobabilitĂ©, que le conducteur du vĂ©hicule accidentĂ© et brĂ»lĂ© est justement le propre frĂšre de la fugitive quâelle nâa plus revu depuis de annĂ©es. Il y a dont une autre explication Ă chercher. Voici la premiĂšre clef, celle que jâai pratiquement donnĂ©e dans la nouvelle au lecteur, mais qui lâa remarquĂ©e ? La famille mythique Ă laquelle appartient la jeune fuyarde nâest autre que la cĂ©lĂšbre famille des dieux antiques, dont le chef sâappelle Jupiter ou Jove. Dans ce cadre, la belle fugitive est VĂ©nus, dĂ©esse de lâamour, son frĂšre Ă©tant ici le dieu de la mort, encore appelé⊠Mors jâai pris quelques libertĂ©s avec lâarbre gĂ©nĂ©alogique des dieux romains car il nây a selon la tradition antique aucun lien filial entre ces deux-lĂ et cela ne me convenait pas. Ils sont ici frĂšre et sĆur, jumeaux probablement, puisquâen vĂ©ritĂ© lâamour et la mort sont indissociables que vaudrait lâamour sans la mort et inversement ?. PlutĂŽt quâĂ Junon, la vieille Arlette Sandor mâa Ă©tĂ© inspirĂ©e par un croisement des Parques romaines et des Ărinyes grecques et a donc tout de la sorciĂšre. Elle reprĂ©sente le destin, mais un destin tragique, voire cruel, dĂ» Ă son goĂ»t pour la persĂ©cution. Elle est poilue et palpeuse comme une araignĂ©e qui tisse les fils de la destinĂ©e pour mieux prendre ses proies. Naturellement, on comprend ainsi beaucoup mieux pourquoi lâĂ©clair a frappĂ© Ă cet endroit prĂ©cisĂ©ment puisquâil est maniĂ© par le dieu du tonnerre. Arlette a visiblement tissĂ© la trame qui a conduit son fils, Lewellyn, vers son destin, et celui du couple fugitif, sans aucun doute pour complaire aux dĂ©sirs peu douteux de son mari Jupiter. Et bien sĂ»r tous ces gens sont immortels, ce qui peut expliquer la guĂ©rison impressionnante de Lewellyn mais pas forcĂ©ment, comme on verra. Quel est donc alors le rĂŽle de Dan, le mĂ©decin, dans ce cadre ? Et pourquoi Jupiter depuis son trĂŽne cĂ©leste nâa-t-il pas tout simplement frappĂ© la voiture conduite par Dan ? Pourquoi lui laisse-t-il la vie sauve ? Pourquoi Dan a-t-il lui aussi son portrait dans la cave ? Eh bien la solution Ă toutes ses devinettes, la clef dont je parlais, est tout bonnement son nom de famille. Vedius, appelĂ© encore Vejovis, est le nom du dieu romain de la guĂ©rison, moins connu quâEsculape, assimilĂ© Ă Apollon et considĂ©rĂ©, fait plus significatif encore, comme un anti-Jupiter ce serait en effet le sens Ă©tymologique de son nom Vejovis = anti-jove ; Vedius = anti-dieu. Mais si vous me suivez bien, cette premiĂšre clef mĂšne Ă une seconde, presque Ă©vidente maintenant, ouvrant la porte dâune autre mythologie. Et bien quâelle rentre plus imparfaitement dans la serrure que la premiĂšre la clef, câest celle que je prĂ©fĂšre. La porte quâouvre cette seconde clef est celle de la mythologie chrĂ©tienne dans son pĂ©rimĂštre large. Un indice trĂšs sĂ©rieux est fourni par le fait que Sandor est un artiste, ce qui se rapproche le plus dâun crĂ©ateur. Un autre est que tous les personnages de lâhistoire exceptĂ© lui-mĂȘme, ont leur portrait dans les sous-sols du chĂąteau. De plus, on a la nette impression que Lewellyn, le frĂšre de Daehlia, disparait Ă lâintĂ©rieur du tableau qui le reprĂ©sente. Lâexplication de tout cela est que le peintre ne lâa pas rĂ©alisĂ© en utilisant Lewellyn comme modĂšle mais tout au contraire que le tableau est le modĂšle de Lewellyn. En clair, Il est sorti du tableau et y retourne Ă la fin. Cela veut donc dire que Sandor nâest autre que le dieu crĂ©ateur, le Dieu unique, le PĂšre, celui dont parle JĂ©sus. Tous les autres, mortels comme immortels, sont ses crĂ©atures. Il ne les a pas tirĂ©s de sa cuisse, comme Jupiter, mais de son souffle crĂ©ateur. Dans ce cadre, la jeune femme est lâange de lâamour et son frĂšre lâange de la mort. Quoique bĂ©nĂ©ficiant dâavantages considĂ©rables par rapport Ă de simples mortels, ils ne sont clairement pas au mĂȘme niveau que Dieu. Ce sont des messagers, des intercesseurs peut-ĂȘtre, entre Lui et les hommes. Finalement, dans cette mythologie chrĂ©tienne, qui est alors Dan ? Je pense avoir maintenant donnĂ© suffisamment dâindices, sans compter ceux qui existent dans le rĂ©cit lui-mĂȘme pour que le lecteur y rĂ©ponde tout seul. Le cadre de lâhistoire Desseins Ăternels se situe dans le mĂȘme cadre que le roman Anahita, lâĂ©ternitĂ© enfin ! Ils se passent tous deux en France dans une bourgade du Centre, au sud de la Beauce, trĂšs peu rĂ©putĂ©e pour son pittoresque. La majoritĂ© des personnages de la nouvelle sont prĂ©sents dans le roman. Toutefois, la nouvelle ne se passe pas Ă la mĂȘme Ă©poque. Anahita est quasi contemporain de lâĂ©poque oĂč il a Ă©tĂ© Ă©crit, Ă savoir de 2018 Ă 2019. Une autre diffĂ©rence majeure doit sauter aux yeux du lecteur. Il nây a pas dâindices dans le roman que les Sandors et leurs enfants adoptifs soient autre chose que ce quâils paraissent, des humains ordinaires, mortels de toute Ă©vidence et dĂ©pourvus de tout pouvoir spĂ©cial. Pour concilier les deux, le roman et la nouvelle, on est donc obligĂ© de conclure que les deux textes se situent dans des univers parallĂšles, presque semblables. NĂ©anmoins le thĂšme principal est strictement le mĂȘme dans les deux cas la recherche de lâamour Ă©ternel. Dan le recherche sans le savoir et le trouve sous sa forme la plus littĂ©rale en la personne de Daehlia, dĂ©esse de lâamour et donc Ă©ternelle. Mansour, le personnage principal du roman, sait lui ce quâil cherche mais ne le trouvera que sous une forme symbolique. On pourrait croire que Mansour a Ă©tĂ© dupĂ© ; en rĂ©alitĂ© il nâen est rien et câest dâailleurs la seule de mes histoires dont je peux dire sans craindre de me tromper quâelle finit bien. Pour finir, un dernier mot sur la chronologie de ces deux textes parents. Bien que le roman soit sorti un peu avant, câest la nouvelle que jâai dâabord Ă©crite, comme cela mâarrive de temps en temps par exemple Lycanthropie a Ă©tĂ© Ă©crite plusieurs annĂ©es avant que jâai lâidĂ©e de la complĂ©ter par le rĂ©cit des autres personnages et dâen faire un roman, Les Survivants. En fait, Desseins Ăternels est lâune des toutes premiĂšres fictions que jâai Ă©crite, un peu avant la fin du dernier millĂ©naire. Je ne lâai jamais publiĂ©e, insatisfait de la fin. Ce nâest que cette annĂ©e que jâai eu le dĂ©clic et trouvĂ© enfin⊠la clef qui me livre est disponible en version e-book article en lien avec celui-ci lĂ . Rousseau vĂ©ritĂ©, mensonge et antidote DerniĂšrement, je relisais Les Promenades DâUn RĂȘveur Solitaire, ce qui mâarrive environ une fois par dĂ©cennie, comme pour tous mes livres de chevet qui ont le point commun d'ĂȘtre brefs. NĂ©anmoins, mĂȘme par mes livres de chevet, je ne suis jamais quâau deux tiers convaincu, Ă une certaine sorte dâexceptions prĂšs dont je parlerai plus loin. Câest particuliĂšrement vrai pour les livres de philosophes, vulgarisateurs scientifiques, essayistes, bref toute la famille dâĂ©crivains qui se fait un devoir de penser juste, y compris pour les autres, ceux qui ne pensent pas, ou mal. Rousseau, comme homme, mâirrite Ă peu prĂšs autant quâil mâest sympathique. Comme Ă©crivain, je le trouve agrĂ©able malgrĂ© parfois des prĂ©ciositĂ©s dâĂ©poque. Comme penseur, il est trĂšs intĂ©ressant, remarquablement clair, ce qui nous change des philosophes obscurs pour faire savant vouloir faire entrer tous les champs de la pensĂ©e dans la Science est une tendance pathologique de nos sociĂ©tĂ©s occidentales on en a encore un bel exemple aujourdâhui. Câest aussi un excellent illustrateur, Ă savoir quâil sait rendre ses rĂ©flexions divertissantes pour le lecteur en plus dâĂȘtre intĂ©ressantes en soi un Kant ne sâabaisserait Ă©videmment pas Ă de telles vulgaritĂ©s, lui qui portait un mouchoir devant sa bouche au cas oĂč il aurait le malheur de rencontrer un importun postillonneur lors de sa promenade hygiĂ©nique quotidienne â il aurait Ă©tĂ© parfaitement Ă son aise dans notre Ă©poque dâenfermement et de distanciation hystĂ©rique et non dâenfermement des hystĂ©riques ceux-lĂ sont visiblement tous en libertĂ© ; malheureusement, il aurait mieux valu alors pour lui ĂȘtre Français quâAllemand. En fait, il mâirrite aussi comme penseur, mais ce nâest pas particulier Ă lui. Par exemple, lors de la QuatriĂšme Promenade, il discute du problĂšme effectivement dĂ©licat mais pas trĂšs compliquĂ© de la vĂ©ritĂ© et du mensonge. Ce quâil dit est intĂ©ressant et assez convainquant en gĂ©nĂ©ral, ce qui ne surprendra pas grand monde, Ă part les voltairiens si ça existe encore. La question plus prĂ©cisĂ©ment est quand peut-on ou doit-on mentir sans faire affront Ă la vertu ni Ă autrui ni Ă soi-mĂȘme ? Y-a-t-il des circonstances qui exonĂšrent le menteur ? Rousseau rĂ©pond Ă la seconde question par lâaffirmative et je suis dâaccord avec lui, quoique pour une autre raison. En gros, il estime que les mensonges de timiditĂ©, qui ne sont guĂšre quâune variante du mensonge de politesse, sâils ne sont pas vertueux, sont nĂ©anmoins dĂ©nuĂ©s de faute car ils nâenlĂšvent rien Ă ceux Ă qui on les dit ni Ă soi-mĂȘme. OK, admettons, mais comme toujours chez lui dans ses derniers Ă©crits, il glisse rapidement du gĂ©nĂ©ral au personnel, et câest lĂ que ça se gĂąte. Pour nous assurer de lâinnocuitĂ© de cette forme de mensonges, il offre en exemple sa rĂ©partie ou plutĂŽt son absence de rĂ©partie lors dâun dĂźner mondain tout est un peu mondain pour Rousseau au-dessus de six personnes qui lui fait profĂ©rer un grossier mensonge lorsquâon lui demande sâil a eu des enfants. Grossier car tout le monde et ses interlocuteurs les premiers savent quâil ment et quâil va mentir. En effet, qui peut ignorer dans la bonne sociĂ©tĂ© quâil a abandonnĂ© ses enfants Ă lâAssistance Publique, depuis que le fait a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© au public par Voltaire et confirmĂ© par Jean-Jacques lui-mĂȘme il faut rĂ©aliser que Rousseau Ă©tait un des hommes les plus cĂ©lĂšbres de son vivant, non seulement en France mais dans tout le monde occidental et que ses livres Ă©taient de vrais best-sellers pour lâĂ©poque ; quand dans les Promenades, il sâinquiĂšte dâĂȘtre reconnu partout et par tous, il exagĂšre Ă peine. Le sourire entendu de son hĂŽtesse lui dit assez quâelle est dĂ©jĂ au fait du sort de ses enfants. Et donc il veut nous convaincre et surtout se convaincre lui-mĂȘme que ce mensonge est sans prĂ©judice pour quiconque car il ne mĂ©dit de personne, nâenlĂšve rien Ă personne ses voisins qui savent dĂ©jĂ , sauf peut-ĂȘtre Ă lui-mĂȘme, finit-il par concĂ©der, qui se rend joliment ridicule Ă cette occasion mais il a lâhabitude. En fait, il ne pouvait pas prendre pire exemple. Car en mentant Ă ce sujet, il renie une seconde fois ses enfants aprĂšs ses Confessions en plus de les abandonner et probablement de les envoyer Ă la mort câĂ©tait le lot habituel des enfants trouvĂ©s je crains que ce ne soit impardonnable pour les concernĂ©s sâils ont survĂ©cu, timiditĂ© ou pas. De plus il en profite pour nullifier le rĂŽle et mĂȘme lâexistence de sa compagne et bientĂŽt Ă©pouse, Ă tel point que si on ne le connaissait pas, on croirait quâil a toujours Ă©tĂ© cĂ©libataire il se qualifie curieusement de vieux garçon » lui qui vit avec ThĂ©rĂšse depuis des dĂ©cennies et avec qui, de toute Ă©vidence, il a fait ces enfants. Il est ironique de constater que ce grand Ă©crivain et grand penseur nous met involontairement juste devant le nez son plus mauvais cĂŽtĂ© en pensant se dĂ©douaner. En fait, le problĂšme de Rousseau est quâil est Ă©gocentrique, monstrueusement Ă©gocentrique, aussi Ă©gocentrique que Nietzsche, ce qui nâest pas peu dire, et cela lâempĂȘche de voir lâĂ©lĂ©phant dans la piĂšce. La question du mensonge licite est pourtant assez aisĂ©e Ă rĂ©soudre si on Ă©carte le cas du mensonge par timiditĂ© ou de politesse, sans grand intĂ©rĂȘt mais trĂšs difficile Ă dĂ©mĂȘler. Il nây a que deux cas oĂč le mensonge est non seulement licite mais Ă mon avis souhaitable le premier, comme le relĂšve justement Rousseau est celui du crĂ©ateur de fictions et je renverrai le lecteur Ă son explication trĂšs convaincante. Lâautre est le mensonge que je qualifie de lĂ©gitime dĂ©fense et dont Rousseau oublie curieusement de parler. Pour vous protĂ©ger ou pour protĂ©ger vos proches, amis ou familles, il est des cas oĂč il faut au minimum mentir par omission et si nĂ©cessaire mentir positivement. Vous faites bien de mentir Ă tous les gens qui ont ou pourraient avoir du pouvoir sur vous ou sur vos proches si vous leur accordiez certaines divulgations. Il est lĂ©gitime de mentir Ă son employeur, Ă son supĂ©rieur hiĂ©rarchique, aux Ă©missaires du gouvernement, Ă lâarmĂ©e dâoccupation, si lâinformation demandĂ©e, plus ou moins poliment, peut nuire gravement Ă vous ou vos proches, en tout cas beaucoup plus que votre mensonge ne nuira Ă ces personnes. Je suis sĂ»r que tout le monde trouvera des exemples tirĂ©s de sa propre vie ou de celles dâautrui. AprĂšs tout, mĂȘme JĂ©sus a menti aux envoyĂ©s des Pharisiens sur la date oĂč il monterait Ă JĂ©rusalem, sachant quâils cherchaient Ă le piĂ©ger. Bon, je lisais donc cette QuatriĂšme Promenade et il mâa irritĂ© si fort, ce meilleur des hommes ayant jamais existĂ© », que jâai ressenti le besoin dâun lavage de cerveau, dâun antidote au poison intellectuel quâil venait de me distiller, probablement avec les meilleures intentions du monde. Jâai aussitĂŽt pensĂ© Ă Nietzsche et son surhomme, parce quâil est philosophe lui aussi, opposĂ© en presque tout, qui plus est Allemand, et dont la dĂ©testation de Rousseau me semblait gage du bon effet quâil aurait sur ma psychĂ©. Mais non, le remĂšde ne convenait pas. Les pensĂ©es dâun mĂ©galomaniaque ne corrigent pas celles dâun paranoĂŻaque. Câest toujours la mĂȘme pulsion au travail, le mĂȘme grossissement invraisemblable du moi. Et finalement jâai trouvĂ© mon antidote, de façon un peu inattendue, dans les PoĂ©sies de LautrĂ©amont. Pourquoi me direz-vous ? Quel rapport ? Ă vrai dire, je ne le vois pas bien mais le fait est que ça marche pour moi en tout cas. Contrairement Ă Rousseau, tout le but de LautrĂ©amont semble de se faire dĂ©tester par un maximum de monde. Son ironie glacĂ©e, son arrogance punissable, sa fĂ©rocitĂ© de fauve tapi, son maniement de la maxime comme dâun couteau acĂ©rĂ©, son dĂ©sespoir terminal et sans doute encore un je ne sais quoi dâautre de mystĂ©rieux, font de cet Ă©crit un antidote efficace aux Promenades. Bien sĂ»r, il faut dâabord lire Rousseau pour absorber cette potion trĂšs concentrĂ©e sans danger. Et je soupçonne donc que lâantidote et le poison peuvent sâinverser sans difficultĂ©. Bien, me dis-je, si ça marche pour ces deux-lĂ , peut-ĂȘtre quâon peut trouver un antidote Ă chaque penseur grave. Car le fait est que la lecture de la plupart des essais ou philosophies qui possĂšdent un vĂ©ritable principe actif contient par cela mĂȘme un poison, administrĂ© Ă forte dose. Et ces Ă©crivains sont rarement des adeptes de la dilution, comme Rabelais, de leur substantifique moelle. Mieux vaut donc se prĂ©parer un antidote tout prĂȘt avant dâouvrir un de ces ouvrages dangereux. Je me mis Ă songer. Est-ce que Les Voyages De Gulliver ne seraient pas le plus merveilleux antidote Ă La Critique De La Raison Pure ? Et ne faudrait-il pas pour la santĂ© de notre psychisme continuer Les PensĂ©es de pascal, lâhomme du tout le malheur de lâhomme est de ne pas savoir rester dans sa chambre » par une version non expurgĂ©e des Mille Et Une Nuits, celle de Mardrus de prĂ©fĂ©rence, mĂȘme avec ses ornements trĂšs dispensables. Pour le lecteur qui sâest engagĂ© Ă lire intĂ©gralement La Recherche Du Temps Perdu, je lui prescrirais sans hĂ©siter de lire en parallĂšle lâĆuvre complĂšte de Jack London pour faire contrepoids. Ou bien lâinverse. Nâimporte quel roman pour enfant de Georges Sand suffira pour guĂ©rir dâun excĂšs du Marquis de Sade, sauf Les Cent Vingt JournĂ©es De Sodome oĂč il faudra un remĂšde plus fort et oĂč je conseillerai carrĂ©ment lâĆuvre intĂ©grale de la Comtesse de SĂ©gur. Certains auteurs fabriquent leur propre antidote au cours de leur gĂ©nĂ©ralement longue vie lisez La Mort DâIvan Ilitch ou Le PĂšre Serge aprĂšs Guerre Et Paix. Enfin, des livres sont Ă eux-mĂȘmes leur antidote, sans doute par esprit de contradiction la Bible en est un. Comme on voit, je suis rapidement passĂ© des penseurs purs aux romanciers, conteurs et poĂštes si on inclut LautrĂ©amont parmi les poĂštes. Et donc je me suis demandĂ©, presque horrifiĂ©, si ce nâĂ©tait pas toute la littĂ©rature qui avait besoin dâun antidote. AprĂšs rĂ©flexion, jâai estimĂ© que câĂ©tait trĂšs exagĂ©rĂ©. Dâabord, comme je lâai dĂ©jĂ laissĂ© entendre, tous les livres sans principe actif, la grande majoritĂ© de ce qui se publie, nâont aucun besoin dâantidote ils sont nuls et non avenus, aussitĂŽt finis aussitĂŽt oubliĂ©s. Ensuite, je suis certain dâavoir lu un certain nombre de livres, gĂ©nĂ©ralement brefs mais pas toujours, qui ne nĂ©cessitent lâemploi dâaucun mĂ©dicament, sans doute parce quâils possĂšdent plusieurs principes actifs qui tous se compensent ou bien sont dosĂ©s pour Ă©viter les effets dĂ©lĂ©tĂšres. Jâai dĂ©jĂ citĂ© le plus fameux dâentre eux. Si je suis mes goĂ»ts personnels, je pourrais ajouter lâouvre poĂ©tique complĂšte de Rimbaud il faut bien lire tout, du dĂ©but Ă la fin, ce qui est de toute façon assez bref, sans quoi le bon effet risque dâĂȘtre gĂąchĂ©. Je nâai aucun problĂšme non plus Ă la lecture de Bartleby, dâAlice Ă Travers Le Miroir, des nouvelles intĂ©grales de Tchekov mais sĂ»rement pas les piĂšces, des Mille Et Une Nuits sans Mardrus, de LâOdyssĂ©e, de La MĂ©tamorphose, du Horla ou dâOlalla Des Montagnes. Le point commun de tous ces ouvrages est quâils sont poĂ©tiques au sens le plus profond. Ils ne dĂ©livrent aucun message explicite, aucune moralitĂ©, aucun guide de vie, aucune rĂšgle de pensĂ©e, mĂȘme pas celle dâĂȘtre rationnel ils parlent Ă lâesprit et non Ă lâintelligence. Outreterre conte de fĂ©e ou science-fiction ? Peinture pour la maquette de la couverture du livre brochĂ© Outreterre est le titre que jâai donnĂ© au cinquiĂšme tome de la sĂ©rie, Sept Cercles De L'Enfer. Pour rĂ©pondre tout de suite Ă la question posĂ©e dans le titre, les deux sont vrais. Si on considĂšre l'intrigue principale, Outreterre appartient incontestablement au conte de fĂ©e. Il y a mĂȘme une fĂ©e bleue, rappelant celle de Pinocchio. Mais si on considĂšre le cadre de l'histoire, sa description aussi fidĂšle que possible aux donnĂ©es de la science actuelle - sans excĂšs non plus sinon on ne dĂ©passerait jamais la banlieue de la Terre et ce rĂ©cit nous emmĂšne beaucoup, beaucoup plus loin - ainsi que la psychologie trĂšs rĂ©aliste des membres du vaisseau spatial me semble-t-il, Outreterre s'apparente trĂšs nettement Ă la science fiction dure, branche historique pourrait-on dire, celle que les anglo-saxons dĂ©nomment Hard Science Fiction. Ce mix, lĂ©gĂšrement audacieux, n'est pas sans prĂ©cĂ©dent dans l'histoire de la SF mais trĂšs rare, il faut le reconnaĂźtre. Ce point Ă©lucidĂ©, voici une courte prĂ©sentation de ce rĂ©cit suivie d'un extrait choisi. Le cadre de cette novella est une planĂšte extrasolaire sur laquelle ont abouti des astronautes au cours dâune mission de la derniĂšre chance, sans filet de secours et sans billet retour, naturellement. De loin, de trĂšs loin mĂȘme â des annĂ©es-lumiĂšre â la planĂšte semblait extrĂȘmement prometteuse ; il sâavĂšre quâelle lâest beaucoup moins de prĂšs. Ă lâespoir sans limite, succĂšde un abattement dâune intensitĂ© au moins Ă©gale pour le petit groupe de pionniers. Y a-t-il encore pour eux une porte de secours ? Il semblerait que oui, sous la forme dâune porte cyclopĂ©enne, Ă©rigĂ©e au milieu dâun labyrinthe de rocs multicolores. Il pourrait pourtant ne sâagir que dâun accident gĂ©ologique, une fantaisie de la nature minĂ©rale Ă©trange de ce monde. Mais quand vous avez perdu tout espoir, vous nâavez que faire de ce genre de considĂ©rations. "Sous lâhorizon, au sommet dâun plateau, un assemblage de trois rocs attira son attention. Ils formaient une haute table de pierre, un portique plutĂŽt, voire une sorte de porte cyclopĂ©enne. Tout dĂ©pendait de lâimportance quâon accordait aux pleins et aux vides de la structure. Elle Ă©tait en tout cas dâune taille assez remarquable. Sa forme de trapĂšze, plus large au sommet quâĂ la base crĂ©ait un effet de perspective Ă©trange, comme si lâĂ©difice avançait vers lâobservateur. LâĂ©norme pierre plate posĂ©e en Ă©quilibre sur les deux autres par on ne sait quel concours de circonstances rougeoyait sous les rayons de lâastre flamboyant tandis que celui-ci retournait vers les limbes dont il Ă©tait issu. Les rayons rasants traverseraient bientĂŽt lâespace vide entre les deux piliers colossaux comme ils devaient le faire une grande partie de lâannĂ©e â ils Ă©taient prĂšs de lâĂ©quateur, rappelez-vous â Ă lâultime heure du jour. Il songea que sâil avait eu encore des intĂ©rĂȘts dans cette mission, il lâaurait probablement baptisĂ©e la porte du CrĂ©puscule. CâĂ©tait un nom qui sonnait bien. Et peut-ĂȘtre seraient-ils venus ensemble se recueillir devant lâĂ©difice naturel attendant que le soleil orange sâencadre en plein milieu. Oui, le spectacle aurait valu le coup dâĆil. Ătonnant comme eux, les hommes, avaient la manie de vouloir donner des noms Ă toute chose. MĂȘme Ă leur dernier souffle, ils ne pouvaient sâempĂȘcher de continuer. Il avait enlevĂ© son masque et tentait de sâhabituer Ă la soudaine rarĂ©faction de lâair en respirant Ă grandes inspirations sans bouger de sa place. Il avait diminuĂ© trĂšs progressivement le dĂ©bit dâoxygĂšne du respirateur avant de lâĂŽter. Se sĂ©parer soudainement de son masque comme ils lâavaient fait la premiĂšre fois â il sâagissait en fait de leur casque de scaphandre â Ă©tait trĂšs dĂ©conseillĂ©. Le cĆur sâaccĂ©lĂ©rait brutalement et certains avaient Ă©tĂ© pris de malaises cardiaques. Bien sĂ»r, au point oĂč il en Ă©tait, ça nâaurait pas dĂ» avoir beaucoup dâimportance. Mais il tenait Ă atteindre son but, sâaperçut-il, puisquâil en avait un maintenant. AprĂšs avoir attendu encore une ou deux minutes sans bouger beaucoup et ĂȘtre parvenu Ă rĂ©guler son rythme respiratoire, il se dĂ©lesta de son sac devenu inutile, ne gardant que ses jumelles, et partit en direction de la porte du CrĂ©puscule. Il sortirait par la grande porte au moins, songeait-il avec dĂ©rision. Bien que le tertre sur lequel se trouvait la structure trapĂ©zoĂŻdale Ă©tait peu Ă©levĂ©, cent mĂštres de dĂ©nivelĂ© Ă lâĆil nu une fois arrivĂ© Ă son pied, et quâil prenait soin dâattĂ©nuer la pente en dĂ©crivant de longs zigzags entre les blocs, la fatigue Ă©tait accablante. Ses jambes, ses pieds bottĂ©s encore plus, Ă©taient incroyablement lourds. Un temps dĂ©mesurĂ© semblait sâĂ©tirer entre sa pensĂ©e consciente soulĂšve ta botte » et lâaction correspondante. Il devait en effet penser soigneusement chacun de ses gestes, faute de quoi il serait restĂ© pĂ©trifiĂ© comme un de ces Ă©tranges blocs minĂ©raux, son corps refusant dâavancer. Il dut pourtant faire plusieurs pauses, de plus en plus longues et de plus en plus rapprochĂ©es. Parfois, il devait escalader pĂ©niblement une roche incontournable. Ramper serait dâailleurs un terme plus juste. Il devinait vaguement les silhouettes gĂ©antes qui suivaient son laborieux cheminement avec la froideur dĂ©daigneuse de divinitĂ©s Ă©trangĂšres. La structure cyclopĂ©enne Ă©tait toute proche maintenant, du moins Ă vol dâoiseau. Il pouvait sentir son ombre se refermer sur lui. Mais il nâavait rien dâun oiseau, il tenait beaucoup plus de lâinsecte et ses pas Ă©taient minuscules. Finalement, il se mit Ă compter ses pas. Un pas de plus, songeait-il, un pas de plus et jâatteindrai le sommet. Mon dernier sommet. Un pas. Et encore un autre. Et encore⊠Puis lâombre disparut Ă nouveau et la lumiĂšre orangĂ©e inonda brusquement le sol devant lui, ce sol quâil ne quittait plus des yeux. Il comprit quâil avait franchi, non pas la porte mais lâombre de son toit. Ou bien câĂ©tait lâĂ©toile qui avait maintenant jailli dans lâespace ouvert entre les piliers monumentaux. Il ne pouvait plus lever les yeux pour vĂ©rifier. Il fit encore quelques pas en titubant en se guidant Ă la forme des ombres puis un voile se dĂ©chira dans sa poitrine et un second, un voile de lumiĂšre scintillant, lui masqua la vision. Il sâarrĂȘta et sâaccroupit, posant ses deux paumes Ă plat sur le sol pour ne pas basculer. Il resta ainsi un petit moment sans bouger ni voir grand-chose de ce qui lâentourait. Il songea aux autres, Ă ses compagnons dâinfortune. Peut-ĂȘtre retrouveraient-ils un jour son sac Ă dos sur la colline. Alors, apercevant comme lui lâĂ©tonnante structure, sans doute iraient-ils la voir de plus prĂšs et dĂ©couvriraient-ils son cadavre. Il nâaurait pas besoin de pierre tombale ; il avait au-dessus de sa tĂȘte la plus formidable qui soit..." Le livre sous forme Ă©lectronique ou brochĂ© est disponible ici. OC9Jnan.